Selon Aurélien Pradié (LR), l’enseignement de l’arabe à l’école primaire n’est pas possible car « l’école élémentaire doit être un terrain neutre »
Dernière modification : 20 juin 2022
Auteur : Jean-Paul Markus, professeur de droit public, Université de Paris-Saclay
Source : France Info TV, 14 octobre 2020
L’enseignement des langues à l’école relève du code de l’éducation et pas de la loi de 1905 sur la laïcité. Si cet enseignement n’est pas basé sur des textes religieux et s’il ne sert pas de prétexte à l’apprentissage de la religion à l’école, il n’enfreint pas plus les principes de laïcité ou de neutralité que l’apprentissage du chinois ou de l’allemand.
Aurélien Pradié, député et secrétaire général du parti Les Républicains, répondait aux annonces du Président de la république d’intensifier les cours d’arabe à l’école primaire. Il estime que l’apprentissage de l’arabe porte atteinte à la neutralité et à la laïcité du service public scolaire.
Or en droit, le débat ne se pose pas car le choix des langues vivantes à enseigner dans les écoles relève du code de l’éducation et ne concerne ni la laïcité ni la neutralité de l’école lorsque les conditions d’enseignement restent neutres et laïques (c’est-à-dire basées sur des connaissances séculières). De ce point de vue, il ne semble pas que le Président ait annoncé l’apprentissage de la Charia à l’école.
Les exigences minimales définies par le code de l’éducation sont une langue au primaire, puis deux langues au collège et au lycée, auxquelles peuvent s’ajouter des langues régionales ou des langues « parlées dans les pays avec lesquels des accords de coopération régionale sont en vigueur ». Une commission sur l’enseignement des langues vivantes, qui réunit dans chaque académie l’ensemble des acteurs locaux de l’enseignement, « veille à la diversité de l’offre de langues ».
Ajouter l’arabe en primaire peut donc se faire en convention avec un pays étranger, ou en modifiant le code de l’éducation. Mais il n’y a pas besoin de modifier la loi de 1905 sur la laïcité, qui n’est pas en cause, pas plus qu’il y aurait atteinte aux grands principes du service public comme celui de neutralité. L’apprentissage de l’arabe (autrement qu’à travers des écritures religieuses bien sûr) n’affecte pas plus la laïcité ou la neutralité du service public qu’apprendre le chinois, l’allemand ou l’hébreu.
Cela précisé, et de façon générale en France, le choix des langues à proposer à l’école a toujours tenu compte de considérations géopolitiques, comme la réconciliation franco-allemande, ou la nécessité de mieux commercer avec la Chine. Et tant que l’apprentissage d’une autre langue que l’anglais n’est ni obligatoire, ni basé sur une idéologie ou une religion, il est conforme à nos grands principes.
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