Vladimir Poutine craint que des terroristes ne se cachent parmi les afghans réfugiés

Création : 26 août 2021
Dernière modification : 24 juin 2022

Autrice : Tania Racho, docteure en droit européen, Université Paris II Panthéon-Assas

À l’heure où de nombreux pays se positionnent sur la question de l’accueil d’afghans en raison du retour des talibans au pouvoir, le président Russe s’est interrogé : “Mais qui peut être (caché) parmi ces réfugiés, comment peut-on le savoir ?”. Vladimir Poutine semble craindre l’arrivée de “combattants déguisés en réfugiés”.

Les propos de Vladimir Poutine doivent être nuancés pour deux raisons. La première c’est que la personne qui a le statut de réfugié l’obtient après une instruction sur sa situation individuelle, qui doit permettre de comprendre tout le parcours antérieur du demandeur d’asile. La seconde raison de la nuance tient justement au vocabulaire utilisé : il est tout à fait possible que des combattants profitent de l’exil massif mais ils ne devraient pas devenir des réfugiés. 

Revenons sur la première raison : la nécessité d’un examen individuel de chaque cas avant l’attribution d’une protection telle que l’asile. La Convention de Genève de 1951 indique que le réfugié est celui qui a subi des persécutions pour certains motifs (l’opinion politique, la race, la religion, etc.). Le demandeur d’asile doit ainsi démontrer lors de la procédure individuelle qu’il a subi ces persécutions. 

Une directive de l’Union européenne adoptée en 2013 par le Parlement européen et le Conseil réunissant les ministres des États membres vient préciser que la détermination de ces persécutions peut notamment se faire par un entretien personnel. C’est le cas en France : tout demandeur d’asile aura un entretien avec un officier de protection de l’Office de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). L’objectif : retracer la vie du demandeur d’asile avant son arrivée. S’il s’avère qu’il a participé à des combats et commis des crimes, il pourra être exclu de la protection et ne pourra être reconnu comme réfugié. Il est évidemment possible que le demandeur d’asile n’expose pas directement ses méfaits lors de l’entretien. Les officiers de protection doivent déterminer si le récit du demandeur est crédible dans son ensemble, en se fondant sur les éléments du récit mais aussi sur des données objectives. Par exemple, une personne indiquant qu’elle n’a jamais croisé de talibans alors qu’elle se revendique d’une zone dominée depuis toujours par les talibans perdra en crédibilité. néanmoins, aucun système n’est infaillible malheureusement.

Enfin, admettons dans la seconde raison que le président russe ait ciblé des terroristes cachés parmi les exilés, c’est-à-dire en état de fuite de leur pays, et non les réfugiés, déjà accueillis. Le risque existe bien entendu mais le résultat sera le même : l’étranger en situation irrégulière peut être expulsé, sauf s’il demande l’asile mais il ne pourra pas l’avoir s’il s’avère être un criminel par exemple.

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