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Trump au pouvoir : le droit et le chaos

Le président américain Donald Trump le 29 janvier 2025. Photo : Chip Somodevilla /Getty Images via AFP
Création : 28 février 2025

Édito : Vincent Couronne, directeur général des Surligneurs, docteur en droit européen, enseignant à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye

La rédaction des Surligneurs

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump inonde le débat public de décrets et de déclarations polémiques. Plus qu’une simple tactique médiatique, cette offensive vise à fragiliser l’État de droit, qu’il voit comme un frein à ses ambitions.  Depuis plusieurs semaines, Les Surligneurs décryptent cette stratégie, entre manipulations de l’information et attaques contre les institutions.

Jusqu’où ira Donald Trump ? Nul ne le sait. Certains se rassurent en invoquant la solidité des institutions américaines, en rappelant qu’il n’est que de passage, ou en pariant sur l’impact d’une crise économique qui finirait par l’emporter. Beaucoup, consciemment ou non, veulent croire que le pire n’est jamais certain. Mieux encore, ils s’imaginent déjà dire : « Vous verrez, je vous l’avais dit », persuadés que Trump finira par se dégonfler comme une bulle spéculative.

D’autres, au contraire, s’alarment. Ils voient des institutions cornaquées par les trumpistes et les complotistes, un système politique corrompu jusqu’à la moelle, où les milliardaires achètent légalement les candidats à coups de financements électoraux. Ils imaginent Poutine se frottant les mains, prêt à attaquer l’Union européenne, ou encore une IA, dopée aux milliards des ultralibéraux américains, nous transformant en esclaves d’un nouvel ordre mondial dominé par Musk, Bezos et Zuckerberg.

La vérité, c’est que personne ne peut lire dans le marc de café laissé au fond d’une tasse du Bureau ovale. Et c’est bien cette incertitude — ce champ des possibles, inédit depuis la Seconde Guerre mondiale — qui représente l’un des plus grands dangers pour nos démocraties.

Car l’essence même d’une société libre, c’est d’écarter du domaine du possible ce qui est intolérable en démocratie. Quel sens aurait le pouvoir du peuple si une partie de ce peuple pouvait en écraser une autre ? Quel serait le pouvoir par le peuple s’il était confisqué par une poignée d’oligarques ? Et le pouvoir pour le peuple s’il pouvait se soustraire aux règles qu’il s’est lui-même fixées ? 

On rappelle souvent qu’Abraham Lincoln a formulé cette définition – le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple – à Gettysburg en 1863, mais on oublie qu’elle a été reprise dans notre propre Constitution française dès 1946.

Car la démocratie est indissociable du droit. Quand Donald Trump propose d’expulser les Palestiniens de Gaza, il appelle à commettre l’un des crimes les plus graves en droit international. Quand son vice-président J. D. Vance affirme que les juges n’ont pas à contrôler l’exécutif — alors que c’est précisément leur rôle — ils déplacent les frontières du possible hors du cadre démocratique, en instrumentalisant sans vergogne la désinformation.

Face aux abus de pouvoir, les peuples disposent du droit comme rempart. Mais face à la manipulation du discours — car, comme le rappelle la philosophe Claudine Tiercelin, le discours peut être une arme — notre seule défense reste la raison et l’esprit critique. Ne nous y trompons pas : désinformer, c’est déjà exercer le pouvoir.

Dans ce contexte, combattre la désinformation propagée par Trump et ses partisans n’est pas une simple question d’hygiène intellectuelle ou de dignité face à l’abject. C’est une question de survie pour nos démocraties.



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