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La Croix de São Lázaro au Portugal a été endommagée le 31 juillet 2024 sans que la cause n'ait été découverte. Crédit : Capture d'écran Facebook

Non, une croix n’a pas été détruite au Portugal par des « immigrants pakistanais »

Création : 2 mai 2025
Dernière modification : 5 mai 2025

Auteur : Nicolas Kirilowits, journaliste

Relectrice : Clara Robert-Motta, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Fanny Velay, étudiante en journalisme à l’École W

Source : Compte Facebook, le 20 avril 2025

La rumeur a été lancée dès l’été 2025 lorsque la croix de São Lázaro, au Portugal, a été retrouvée détruite. Aucune preuve n’a jamais permis d’indiquer que des « immigrants pakistanais » étaient les auteurs des faits.

L’information a déjà fait l’objet de plusieurs articles de vérifications par des médias portugais et internationaux (Observador, Poligrafo, Reuters) mais rien n’y fait. La fausse information selon laquelle une croix portugaise a été détruite par des « immigrants pakistanais » continue de courir sur les réseaux sociaux. 

Le 30 juillet 2024, la paroisse de Creimoxil à Guimarães, un village portugais au nord de Porto, annonce sur les réseaux sociaux que « la croix de Sao Lazaro » de son église a été détruite. Photographie à l’appui, la paroisse précise dès lors que le monument a été victime « d’un accident ou d’un éventuel vandalisme ». 

Dès ce moment, une rumeur a été lancée selon laquelle ce serait là l’œuvre de « migrants pakistanais ». Près de neuf mois après les faits, des internautes partagent toujours cette même thèse. 

Pourtant, malgré une recherche scrupuleuse à ce sujet, rien ne permet de corroborer cette information. Aucun article de presse ne mentionne cette théorie, et aucune preuve n’est jamais avancée sur les réseaux sociaux et les posts qui relaient l’accusation. 

Pas de nouvelles informations

Le dernier article de presse que nous avons pu trouver date du 6 avril 2025 et évoque notamment l’avancement du projet de restauration. Et ce sans rien dire de l’enquête. Quelques mois plus tôt, en novembre, des médias portugais relataient eux la visite du ministre de la Défense du Portugal, Nuno Melo, sur place, dans la ville de Guimarães, au Nord du Portugal.

Celui-ci confirmait alors que les travaux de restauration de la croix débuteraient bientôt. Concernant l’enquête en revanche, rien ne semblait avoir évolué. « La PSP (Police portugaise) a pris en charge l’enquête sur les circonstances entourant la destruction du monument », indiquait seulement l’Observador dans son article relatant la visite. Même tonalité pour le média local Journal de Guimarães qui ne stipulait rien à cet égard. 

Contactée par les Surligneurs, la police portugaise a indiqué que l’enquête n’avait pas encore été finalisée avant d’ajouter : « Nous tenons également à préciser que les enquêtes menées jusqu’à présent n’ont pas permis de déterminer l’auteur ou les auteurs du crime, et que rien n’indique donc que le suspect soit de nationalité pakistanaise ou autre. » De fait, à l’aune des informations les plus récentes connues, les causes de la destruction restent encore à déterminer et à préciser, comme l’a confirmé par ailleurs aux Surligneurs la rédaction de Poligrafo, la première à avoir démontré qu’il s’agissait d’une fausse information

Une cause toujours inconnue

Dès le 2 août 2024, le média écrivait que la police n’avait « aucune information selon laquelle il existerait un quelconque lien avec des individus de nationalité étrangère ou de quelque religion que ce soit ».

Dans un article en date du 27 septembre 2025, l’agence Reuters affirmait à son tour, en citant un porte-parole de la police judiciaire de Braga, que « rien ne permet de penser que les dégâts résultent d’un crime culturel ou haineux impliquant un membre d’une communauté immigrée ».

Ainsi, pas plus hier qu’aujourd’hui il n’est possible d’affirmer, faute de preuves, que « des immigrants pakistanais » soient à l’origine des faits. Cette accusation ne repose sur rien.

 

Mise à jour le 5 mai 2025 : ajout de la réponse de la police portugaise.