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Crédits : NikosLikomitros (Photo du domaine publique, photo modifiée)

Les manifestations massives en Grèce ne sont pas liées à l’immigration

Création : 10 mars 2025

Auteur : Nicolas Turcev, journaliste

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Hugo Guguen, juriste

Source : Compte Facebook, le 2 mars 2025

D’après plusieurs internautes, la forte mobilisation observée dans les rues du pays depuis plus d’une semaine serait liée à la situation migratoire. En réalité, les Grecs manifestent pour réclamer justice à la suite de la collision entre deux trains ayant fait plus de 50 morts, deux ans auparavant.

Un raz de marée humain pour en stopper un autre ? Les mobilisations massives qui ont eu lieu en Grèce le 28 février et rassemblant plus de 325 000 personnes selon la police n’ont pas laissé les internautes indifférents. Pour certains d’entre eux, ces manifestations auraient un lien avec la mondialisation et l’immigration.

« Des milliers de patriotes appellent à la démission du gouvernement mondialiste perfide. Plus de 500 migrants illégaux arrivent en Grèce par bateau chaque jour », écrit un utilisateur de Facebook, repartagé près de 500 fois. Son message est accompagné d’une vidéo montrant une large foule de manifestants brandissant pancartes et banderoles.

La vidéo a bien été prise à Athènes, au niveau de la place Syntagma, devant le Parlement grec, lors des manifestations du 28 février dernier. Le quotidien italien Il Fatto Quotidiano a utilisé ces images pour illustrer sa couverture des événements. D’autres plans de la même scène peuvent être aperçus au cours du reportage réalisé par la chaîne grecque Mega (à 3 minutes et 11 secondes, notamment).

Pas de lien avec l’immigration

Ces manifestations monstres ont largement été couvertes par les médias, et n’ont rien à voir avec l’immigration. Elles commémorent en réalité le deuxième anniversaire de l’accident de train de Tempé.

Le 28 février 2023, un train de marchandises et un train de passagers sont entrés en collision, coûtant la vie à 57 personnes et en blessant près de 200 autres. La mère d’une des personnes tuées dans le crash et présidente de l’association des victimes, Maria Karystianou, avait posté sur son compte X (ex-Twitter) l’affiche annonçant la manifestation.

Depuis, l’enquête censée établir les responsabilités piétine et les familles des victimes, comme une partie des citoyens grecs qui voient dans cet accident la preuve de l’incurie des infrastructures du pays, manifestent leur mécontentement. « Le crime de Tempi nous emplit de rage ! Les profits ou la vie ! », peut-on lire sur l’une des banderoles aperçues au cours de la manifestation, comme le remarque l’AFP. Autrement dit, rien à voir avec la contestation d’une supposée pression migratoire.

Deux nouvelles manifestations, émaillées de scènes de tensions, ont depuis eu lieu les 5 et 7 mars derniers, alors que le Parlement se prononçait sur une mention de censure déposée par plusieurs partis de gauche. Le Premier ministre grec de centre droit, Kyriakos Mitsotakis, accusé de dissimuler des informations sur l’accident de Tempé, a finalement survécu au vote, avec 157 voix contre et 136 pour.