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Covid-19 : Non, un médecin canadien n’a pas affirmé que le vaccin visait à “stériliser” la population

Création : 30 septembre 2024
Dernière modification : 26 septembre 2024

Auteur : Nicolas Kirilowits, journaliste

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste

Source : Compte Facebook, le 16 septembre 2024

Sur Facebook, des propos détournés d’un professeur de médecine canadien laissent à penser que les vaccins contre le Covid-19 “ne sont pas susceptibles de stériliser complètement la population”. Or, comme l’a déjà indiqué le concerné, John Bell, il s’agit purement et simplement d’un détournement de ses déclarations faites en 2020.

Si le Covid-19 ne fait plus la une de l’actualité, les fausses nouvelles qui l’entourent continuent de largement circuler sur les réseaux sociaux. La preuve, une fois encore, avec cette publication qui relaie l’extrait d’une interview volontairement abrégée pour tromper.

À l’écran, on peut y voir, à droite, le professeur de médecine de l’université d’Oxford, John Bell, interrogé en anglais par le journaliste de Channel 4 News, Jon Snow. Ce dernier demande au premier : “Quand pourrais-je en avoir un ?”, en se référant au vaccin contre le Covid.

Le professeur, qui, selon l’université d’Oxford, a “joué un rôle majeur dans le développement et le déploiement du vaccin Oxford-AstraZeneca”, répond notamment qu’il faudra sûrement attendre l’automne, mais aussi qu’ “il ne faut pas oublier qu’il est peu probable que ces vaccins stérilisent complètement la population. Il est très probable qu’ils aient un effet qui fonctionne dans un pourcentage, disons de 60 ou 70 %”.

Une vidéo coupée pour tromper

Une réponse en forme d’aveu pour notre internaute qui en déduit que John Bell “a laissé échapper que ces injections ne stériliseront pas complètement la population”. Une interprétation fallacieuse pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, rappelons que la vidéo ne date pas d’hier. Si notre internaute qui la partage ne donne ni de source, ni de date, quelques clics suffisent pour retrouver l’interview complet. On découvre alors que l’entretien entre le journaliste et le professeur de médecine remonte au 24 août 2020, quelques mois avant la première homologation d’un vaccin par l’Organisation mondiale de la Santé.

Ensuite, il ne fait aucun doute que le mot “stérilisent” ne se réfère pas à une action qui viserait à empêcher la reproduction des humains, mais plutôt à immuniser la population, comme le montre la retranscription que nous avons pu faire dudit passage litigieux (à partir de 7 minutes et 40 secondes).

“Nous commencerons à obtenir des informations au début de l’automne sur l’efficacité ou l’inefficacité (du vaccin AstraZeneca). Cela dépend en grande partie de l’intensité de l’infection. Ainsi, pour obtenir des résultats, il faut un certain nombre de cas incidents dans la population vaccinale de référence […] Mais n’oubliez pas que ces vaccins ne sont pas susceptibles de stériliser complètement la population. Ils auront très probablement un effet qui fonctionne à un pourcentage, disons 60 ou 70 %. Nous devrons examiner la question de très près, et les autorités de réglementation devront examiner la question de très près, pour nous assurer que le vaccin fait ce qu’il doit faire avant d’être approuvé. Il y aura donc un délai entre le résultat de l’essai et la décision d’approuver ou non le vaccin.”

Une immunité stérilisante… de la maladie

À aucun moment de l’entretien, le professeur ou l’intervieweur ne fait référence à une quelconque fertilité. Interrogé en 2021 par l’Australian Associated Press (AAP), John Bell a tenu à préciser qu’il fait bien “référence à la capacité des vaccins à éliminer la réplication virale (c’est-à-dire à stériliser) et cela n’avait aucun rapport avec la fertilité”.

Des propos corroborés par cette publication scientifique allemande intitulée en anglais : “Sterilizing immunity: Understanding COVID-19”. Il y est notamment indiqué que “l’immunité stérilisante protège l’individu et empêche la transmission à de nouveaux hôtes, contribuant ainsi à la protection au niveau de la population”.

Nous sommes donc en présence d’une fausse nouvelle comme le prouvent par ailleurs les nombreux articles de fact-checking écrits à ce sujet par plusieurs de nos confrères étrangers : USA Today, AAP FactCheck, Lead Stories. Et qui use, qui plus est, d’une discordance temporelle afin de prouver une allégation totalement inventée.

Enfin, quant à savoir s’il existe réellement un lien entre la vaccination contre le Covid et la baisse de la fertilité – une des théories les plus répandues dans la sphère antivax – de très nombreuses publications d’organismes spécialisés et articles de médias ont infirmé, démonstrations précises à l’appui, cette idée. En voici une sélection : AFP Factuel, Marianne, Nations Unies, The Conversation, American Journal of Epidemiology, Swissmedic, Instituts de recherche en santé du Canada.

 

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