Solidaire Etudiant-e-s remet en cause l’indépendance des professeurs d’université en demandant à Paris 7 d’annuler une manifestation supposée « remettre en cause la lutte contre les violences racistes »

Création : 29 janvier 2018
Dernière modification : 17 juin 2022

Auteur : Jean-Paul Markus

Source : Lettre de Solidaires Etudiant-e-s à la Présidente de Paris 7, publiée sur Internet

Solidaire Etudiant-e-s ne peut faire interdire une conférence ou autre manifestation organisée par un enseignant (et pas l’Université elle-même), si elle est conforme à la loi. C’est contraire au principe constitutionnel d’indépendance des professeurs d’université. Il peut toutefois participer au débat et veiller à ce qu’aucun message illégal et partial ne soit délivré.

Les universités se différencient des établissements scolaires par l’indépendance dont bénéficient les enseignants. Cette indépendance a même valeur de principe fondamental reconnu par les lois de la République, c’est-à-dire un principe à valeur constitutionnelle selon le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État.

Ce principe est essentiel à la transmission d’un savoir critique par opposition à un savoir servile au profit du pouvoir. Il n’a que deux limites. D’abord l’interdiction de faire passer des messages contraires à la loi (racisme, homophobie, négationnisme, incitation à la violence, prosélytisme dans un lieu siège d’un service public, risques pour l’ordre public, etc.) ; ensuite, la loi et le Conseil constitutionnel précisent que cette indépendance s’exerce « conformément aux traditions universitaires (…) de tolérance et d’objectivité ».

Ainsi comprise l’indépendance permet aux universitaires d’imaginer et d’organiser des manifestations destinées à stimuler l’esprit critique des étudiants. C’est le cas des conférences ou autres célébrations, comme celle prévue par Paris-7 : une lecture d’un texte de Charb (« Lettre ouverte aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes »), assassiné lors de l’attentat contre Charlie Hebdo.

C’est cette manifestation que dénonce le syndicat, estimant qu’elle aboutira à stigmatiser les musulmans. Solidaires Etudiant-e-s ne conteste donc pas la légalité de cette manifestation mais son opportunité, voire son angle d’attaque, et c’est son droit. Mais le président d’une université ne peut décider lui-même de l’opportunité d’une manifestation organisée par un professeur. Ce serait de la censure. Il ne peut qu’interdire si elle est contraire à la loi et/ou à l’ordre public.

En somme, Solidaires Etudiant-e-s ne peut contester l’opportunité de cette manifestation qu’auprès de l’enseignant même. Si ce dernier persiste, il en a le droit, et le président d’université doit garantir ce droit s’il est légalement exercé. Il appartient alors aux syndicats en cause de participer à cette manifestation et de vérifier : 1/ qu’aucun propos raciste n’y est tenu ; 2/ qu’un véritable débat ouvert est assuré.

 

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