Les images glacent le sang. Haches à la main, visages en partie dissimulés, plusieurs personnes semblent entrer de force dans le hall d’un bâtiment dont les vitres des portes sont brisées. À en croire certains internautes, cette image aurait été prise le 15 février 2025, à « l’hôpital de Birmingham », qui serait assiégé par « une foule de migrants […] avec des haches et des lames ».

« Et où est l’indignation ? Si c’était l’“extrême droite”, les médias en parleraient sans retenue. Au lieu de cela, le silence règne. L’histoire a été enterrée, ignorée, effacée », dénonce un internaute. Avant d’ajouter : « Il est temps de mettre en place un nouveau gouvernement, avant qu’il ne soit trop tard. »

Le milliardaire Elon Musk, propriétaire de X (ex-Twitter), n’a pas manqué de relayer ce drame à ses 218 millions d’abonnés dans un post désormais supprimé. Sauf que… tout est faux, même l’image, qui a probablement été générée par intelligence artificielle.

Les Surligneurs font le point sur cette désinformation qui ne manque pas d’alimenter la défiance envers le gouvernement britannique, régulièrement attaqué par le patron de Tesla et conseiller spécial de Donald Trump.

Agression réelle, assaut factice

Le 15 février 2025, un jeune homme de 16 ans a été agressé à Birmingham, comme le rapporte le Birmingham Live. Inquiets de son état, une quarantaine de ses proches se sont retrouvés à l’hôpital. Le lendemain, des centaines de personnes manifestent pour « mettre fin à la criminalité à Birmingham », raconte la BBC. L’histoire, déjà dramatique, aurait pu s’arrêter là.

Au lieu de cela, dès le lendemain de l’agression, des rumeurs de violences urbaines, prétendument liées à l’agression, commencent à circuler sur les réseaux sociaux. « Un jeune homme de 16 ans a été poignardé à Birmingham et transporté d’urgence à l’hôpital avec de graves blessures. Le chaos a éclaté à l’hôpital Heartlands, avec une ambulance prise d’assaut. La police affirme que les deux incidents sont liés », assène un internaute.

Puis, dans la même journée, une image montrant un groupe de personnes armées de haches est diffusée. La toile s’emballe. Certains internautes en sont maintenant sûrs : voilà la preuve d’un assaut d’une « foule de migrants » à l’hôpital de Birmingham.

Pourtant, le 17 février, la police dément cette information : « Après enquête, nous savons qu’aucun désordre n’a eu lieu dans un hôpital de Birmingham à la suite de l’agression au couteau d’un garçon de 16 ans […]. Nous avons constaté que la famille du jeune homme, ainsi que des membres de son entourage, s’étaient rassemblés à l’hôpital et étaient, à juste titre, bouleversés et préoccupés par son bien-être. Il n’y a pas eu de désordre. »

Ces faits, où plutôt leur absence, sont corroborés, le même jour, par un communiqué des hôpitaux universitaires de Birmingham : « Nous souhaitons rassurer les gens en leur disant que nos services n’ont pas été affectés et qu’ils sont entièrement ouverts. Les images et les informations qui les accompagnent et qui sont partagées sur les réseaux sociaux — montrant de la violence, des armes et des pillages d’une ambulance — sont fausses. »

Une image générée par intelligence artificielle

En plus des démentis, l’image partagée sur les réseaux sociaux interroge. De nombreux éléments portent à croire qu’elle aurait été générée par intelligence artificielle (IA). Mains à six doigts, visages et panneau de sortie déformés : voilà quelques-uns des indices qui mettent Les Surligneurs sur la piste de l’IA.

Capture d’écran de Sightengine révélant la probabilité que l’image ait été générée par intelligence artificielle.

Ces soupçons se confirment après l’utilisation d’un détecteur d’intelligence artificielle. Selon Sightengine, la probabilité que l’image ait été générée par IA est de 99 %. Ces conclusions rejoignent d’ailleurs celles des travaux de fact-checking de plusieurs confrères, comme ici, ici ou là. En somme, l’affaire du saccage de l’hôpital de Birmingham n’en est pas une.

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