Non, les charges de trafic sexuel à l’encontre de P. Diddy n’ont pas été abandonnées
Dernière modification : 8 juillet 2025
Auteur : Jean-Baptiste Breen, étudiant en master de journalisme à Sciences Po Paris
Relecteurs : Etienne Merle, journaliste
Nicolas Turcev, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Fanny Velay, étudiante en journalisme à l’École W
Source : Compte Facebook, le 26 juin 2025
Contrairement aux affirmations de certains internautes, les charges principales à l’encontre du rappeur américain restent inchangées. Les procureurs ont seulement écarté l’accusation de complicité de trafic sexuel. Elle ne constituait qu’un angle d’attaque parmi d’autres.
Puff Daddy serait exempt de tous soupçons de trafic sexuel. C’est du moins ce que qu’affirment plusieurs publications sur les réseaux sociaux. « Le procureur retire brusquement toutes les charges de trafic sexuel contre le père du baby Oil [en référence aux milliers de bouteilles d’huile pour bébé découvertes au domicile du chanteur lors d’une perquisition, ndlr] », s’exclame un internaute le 26 juin 2025. Une allégation relayée par plusieurs autres profils en ligne, avec plus ou moins de nuance (ici, ici ou encore là).
Révélé initialement le 25 juin 2025 par le tabloïd américain TMZ et confirmé par le quotidien USA Today, l’abandon de certaines charges à l’encontre de Sean Combs, dit Diddy, ne concerne, en réalité, que quelques chefs d’accusations. Et le plus grave, celui de trafic sexuel, n’en fait pas partie.
Trois chefs d’accusation abandonnés…
Selon nos confrères américains, qui s’appuient sur une lettre adressée au juge Arun Subramanian, les procureurs ont décidé de retirer certaines directives destinées aux jurés concernant les chefs de « tentative d’enlèvement », « tentative d’incendie criminel » et « complicité de traite sexuelle ». Concrètement, ils annoncent ne plus vouloir poursuivre ces accusations. Par conséquent, les instructions correspondantes ne sont plus nécessaires.
Cette décision vise à « simplifier » les consignes données par le juge aux jurés, alors sur le point de débuter leurs délibérations, officiellement entamées le 30 juin 2025. Cependant, elle ne libère en rien le rappeur des accusations de trafic sexuel qui pèsent sur lui depuis l’ouverture du procès le 5 mai 2025.
… mais toujours accusé de trafic sexuel
Accusé d’avoir drogué et réduit au silence plusieurs femmes qu’il faisait participer à ses « marathons sexuels », baptisés « Freak Off », Sean Combs avait été inculpé, entre autres, pour trafic sexuel. À ce niveau, rien n’a changé.
Interrogée sur ce point par Merit TV, l’avocate Kelly Hyman, souligne que « les chefs d’accusation que le ministère public a abandonnés sont liés à l’accusation de racket [“racketeering”] » qui vise le rappeur. Pour prouver qu’il y a bien eu « racket [aux États-Unis, ndlr], poursuit-elle, le ministère public doit démontrer la réalisation de certains actes — appelés actes constitutifs — tels que l’incendie criminel ou l’enlèvement ». Tous ces actes constitutifs n’ont pas été abandonnés par les procureurs. Ils ont « simplement écarté ceux qui relevaient de la tentative », appuie l’avocate.
Dans le cas du trafic sexuel, seul le chef d’« aide et d’encouragement » — « aid and abetting » en anglais — a été retiré. Cette charge se traduit juridiquement en français par « complicité ». Ainsi, Diddy était dépeint par les procureurs comme ayant à la fois été auteur et complice de trafic sexuel. Seule la dernière notion a été retirée. La lettre envoyée au juge précise d’ailleurs bel et bien que des directives relatives aux accusations de trafic sexuel seront données aux jurés.
Autrement dit, le rappeur est toujours considéré comme l’instigateur du crime pour lequel la peine minimale est de 15 ans. Pour l’ensemble des chefs d’accusation qui le visent, Sean Combs encourt la prison à perpétuité.