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Kevin.B - CC BY-SA 4.0 (image jaunie)

Non, la Suède ne va pas expulser des citoyens « qui n’ont pas réussi à s’intégrer dans la société occidentale »

Création : 24 juillet 2025

Auteur : Nicolas Kirilowits, journaliste

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Clarisse Le Naour, double cursus L3 science politique et L3 droit public à l’université Lumière Lyon II

Source : Compte Facebook, le 14 juillet 2025

L’affirmation détourne le sens de plusieurs projets de loi portant sur la nationalité suédoise. L’un d’entre eux, encore en cours d’élaboration par la coalition au pouvoir soutenu par l’extrême droite, veut faciliter la révocation de la citoyenneté suédoise « pour toute personne ayant la double nationalité » et qui aurait commis, notamment, des « infractions qui menacent gravement la sécurité nationale ».

Depuis les élections législatives de 2022, la Suède connaît un tournant politique inédit. « Pour la première fois, un parti de droite nationale-populiste, les Démocrates de Suède constitue le premier parti de la majorité parlementaire », explique Le Grand Continent.

Cette recomposition politique impacte notamment la législation du pays sur la nationalité. Ces derniers mois, plusieurs projets de loi comme celui-ci ou encore celui-là ont été présentés afin de durcir, entre autres choses, ses règles d’obtention pour les étrangers. Plus récemment encore, une commission d’enquête a été lancée afin de soumettre au gouvernement « des propositions visant à révoquer la nationalité des personnes ».

Des annonces qui n’ont pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux. Ainsi, un post, largement relayé et commenté sur Facebook, affirme que « le pays nordique a annoncé son intention d’expulser les immigrants qui ont acquis la nationalité suédoise, mais qui n’ont pas réussi à s’intégrer dans la société occidentale. » Une interprétation toutefois exagérée et qui sème la confusion quant à l’actualité politique et législative du pays.

Une déchéance de nationalité envisagée

En effet, contacté par Les Surligneurs, le cabinet du Ministre en charge des migrations, Johan Forssell, rappelle que les travaux de la commission débutés en mai ne visent pas à « expulser les personnes possédant la nationalité suédoise » mais bien à « permettre la révocation de la nationalité suédoise et donc l’expulsion des personnes ayant la double nationalité reconnues coupables d’infractions graves portant atteinte aux intérêts vitaux de la Suède ».

Sur X, Johan Forsell précisait le 26 mai que ce projet de loi ciblait également « les personnes ayant la double nationalité et ayant menti ou versé des pots-de-vin pour obtenir un passeport suédois », ou encore les « criminels de gangs qui sèment la terreur ». Un rapport est attendu pour le mois de mars.

Ni dans nos échanges avec le cabinet, ni les communications disponibles sur le site du gouvernement ou les réseaux sociaux, il n’est mentionné une quelconque notion de réussite « à s’intégrer dans la société occidentale » tels qu’écrits dans le post.

Des règles durcies pour les étrangers

Un terme connexe de « bonne conduite » a été en revanche utilisé, nous explique le cabinet du Ministre, dans un autre projet de loi. Ce dernier a été, lui aussi, soumis à l’expertise d’une commission d’enquête et a fait l’objet d’un rapport pour renforcer les règles d’obtention d’un titre de séjour.

Toutefois, comme l’avait expliqué il y a quelques semaines l’AFP en réponse à un post relayant déjà le même message sur Facebook concernant l’expulsion de « migrants qui ont acquis la nationalité suédoise », ce projet de loi ne s’appliquerait, s’il entrait en vigueur, qu’aux étrangers.

« Des exemples de mauvaise conduite peuvent être la fraude aux allocations, des moyens de subsistance malhonnêtes, des déclarations qui menacent l’ordre public ou si la personne représente une menace pour la sécurité », écrivait, à cet égard sur X, le ministre Johan Forsell.