Mort de Jean Pormanove : non, il n’existe pas de cagnotte à plus de 540 000 euros pour les streamers Naruto et Safine
Autrice : Clara Robert-Motta, journaliste
Relecteur : Etienne Merle, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Clara Robert-Motta, journaliste
Source : Compte X, le 19 août 2025
L’image d’une fausse cagnotte qui serait dédiée aux frais de justice des deux influenceurs présents au moment de la mort de Jean Pormanove circule. Le site de cagnotte Leetchi confirme qu’il s’agit d’une image manipulée.
Trois jours après la mort en direct du streamer, Raphaël Graven, alias JP ou Jean Pormanove, sur la plateforme Kick, deux de ses co-streamers – « NarutoVie » (Owen C.) et « Safine » (Safine H.) – sont pointés du doigt pour les sévices qu’ils lui ont fait subir face caméra.
D’après de nombreux internautes, la communauté de ces streamers suivis par un peu moins de 200 000 personnes sur la plateforme aurait vivement soutenu les deux influenceurs. Selon certains, ils auraient même récolté un joli pactole pour leurs frais de justice.
« Dès près de 550K euros récoltés sur la cagnotte de soutien aux streamers Naruto et Safine, moins de 24 heures après son lancement. Leur communauté semble particulièrement mobilisée et solidaire pour les aider à faire face à de potentiels frais de justice », est-il écrit sur une capture d’écran partagée sur une publication vue plus de 300 000 fois sur X.
Sauf que cette image est totalement bidon. Il n’existe pas de cagnotte qui aurait atteint ce plafond là pour « NarutoVie » et « Safine ».
Image manipulée
« 540 570 euros pour ces clochards???? Mais vous vous foutez de ma gueule ?? », s’énerve un internaute sur X. Sur la capture d’écran qui sert de preuve à son propos, une cagnotte s’élève à 540 570 euros sur 750 000 euros demandés. Nommée « Soutien Naruto et Safine », l’image reprend tous les codes et le graphique de la plateforme Leetchi, une application spécialisée dans les collectes en ligne.
L’illusion est bien faite, et ils sont nombreux à être tombés dans le panneau. « Je n’ai pas les mots… », a déploré la présentatrice Valérie Damidot en partageant la capture d’écran sur X, avant de supprimer son tweet.
Car, en effet, la fameuse cagnotte est introuvable sur le site leetchi.com. « [Le tweet] est totalement faux, a indiqué aux Surligneurs l’entreprise Leetchi. Aucune cagnotte d’un tel montant n’est hébergé[e] sur notre plateforme. »
En revanche, une cagnotte a bel et bien été mise en ligne « En soutient à naruto et safine », mais elle n’est plus disponible actuellement. Sur une capture d’écran prise par un internaute, on peut voir que la cagnotte affichait zéro donateur. « Notre équipe LCLF (détection de fraude) l’a automatiquement bloqué après avoir détecté un risque de fraude », a répondu Leetchi.
A-t-on le droit d’ouvrir une cagnotte pour des frais de justice ?
La plateforme de collecte en ligne accepte bien que des particuliers récoltent de l’argent pour des frais de justice, mais selon des modalités restrictives.
L’article 12.1.17 de leurs conditions générales d’utilisation stipule : « Les Objets et/ou Projets des Cagnottes, et tout Contenu publiés par les Utilisateurs sur le Site ne doivent pas notamment […] Financer des contraventions, amendes, frais et dommages et intérêts prononcés dans le cadre d’une décision judiciaire ou administrative. »
Ainsi les « Cagnottes organisées en vue de participer aux frais de défense en justice sont autorisées uniquement pour les honoraires d’avocat et, sous réserve de production de justificatifs lors de la demande de dépense ».
Leetchi précise aux Surligneurs que « dans le cas présent, seules les cagnottes dédiées aux frais de défense des 2 streamer pourront être acceptées, si et seulement si des documents justificatifs nous sont fournis. »
Quoi qu’il en soit, en l’état des examens, le procureur a déclaré à la presse, le 21 août 2025, que les premières conclusions de l’autopsie montrait que la mort « n’a pas une origine traumatique et n’est pas en lien avec l’intervention d’un tiers », et que « les causes probables du décès apparaissent donc d’origine médicale et / ou toxicologique ».