L’Italie restreint, mais n’interdit pas, les panneaux solaires sur ses terres agricoles
Auteur : Nicolas Kirilowits, journaliste
Relectrice : Clara Robert-Motta, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Fanny Velay, journaliste stagiaire
Source : Compte Facebook, le 16 mars 2025
Un décret italien, paru au journal officiel le 15 mai 2024, limite les nouvelles implantations de panneaux photovoltaïques au sol sur les zones agricoles. Toutefois, de nombreuses exceptions sont inscrites dans le texte.
C’est une question de vocabulaire qui peut entraîner une interprétation biaisée des faits. En Italie, le gouvernement de Giorgia Meloni a érigé, en mai 2024, de nouvelles « dispositions urgentes pour les entreprises agricoles, de pêche et d’aquaculture, ainsi que pour les entreprises d’intérêt national stratégique », selon le titre exact du décret publié au journal officiel.
L’article 5 du texte porte notamment sur des mesures « visant à limiter l’utilisation des terres agricoles ». Ciblée par l’article : « l’installation de systèmes photovoltaïques avec des modules posés au sol dans les zones classées comme agricoles par les plans d’urbanisme en vigueur ».
Une mesure qui a été interprétée de manière abusive par certaines publications sur Facebook. « L’Italie a interdit les panneaux solaires au sol sur les terres agricoles afin de protéger leur approvisionnement alimentaire », peut-on lire sur l’une d’entre elles.
Des dérogations à la loi
Si les principaux énoncés de la problématique sont exacts, l’erreur réside ici dans le recours à la notion « d’interdiction ». Une sémantique que le décret-loi n’emploie pas lui-même.
Et pour cause, comme le détaille bien plus clairement ce communiqué de presse du gouvernement transalpin, de nombreuses exceptions sont inscrites dans la loi, permettant ainsi à des zones d’en être exemptée.
C’est le cas des « zones situées à 300 mètres des autoroutes », des « zones situées à l’intérieur d’usines et d’établissements industriels ainsi que les zones agricoles situées à moins de 500 mètres de la même usine ou établissement », ou encore des « sites où les installations sont déjà présentes ». Un moyen, explique cet article de Open, « de ne pas ruiner les investissements déjà prévus ».
De la même manière, les projets déjà installés au sol pourront être rénovés à condition que cela n’entraîne pas une augmentation de la surface occupée, précise la nouvelle loi.
De nombreuses déclarations
Dans une interview vidéo accordée au journal Il sole 24 Oro, et publiée le 24 mai dernier, Francesco Lollobrigida, le ministre italien de l’Agriculture, affirmait ainsi que « nous avons remis de l’ordre dans le système des énergies renouvelables et du photovoltaïque, notamment en favorisant l’agrivoltaïsme sur les toits des étables et des bâtiments agricoles et en freinant les investissements fonciers qui détournaient des terres de la production agroalimentaire ».
Le ministre de l’Environnement, Gilberto Pichetto Fratin, également impliqué dans l’élaboration de ce décret-loi, a pour sa part indiqué dans un communiqué de presse, le 23 mai 2024, que « la disposition doit être lue dans la perspective d’un développement ordonné des installations d’énergie renouvelable sur le territoire national ».
Fin avril 2024, soit quelques jours seulement avant la publication du décret, l’Italie et les autres pays du G7 se sont engagés, lors d’une réunion à Turin, « à soutenir le triplement des énergies renouvelables mondiales », selon une déclaration commune.