Danielle Simonnet, conseillère de Paris et membre de la France insoumise, considère que : «La loi Travail a été exigée par Bruxelles »

Création : 8 mai 2018
Dernière modification : 15 juin 2022

Auteur : Vincent Couronne

Source : Compte Twitter Danielle Simonnet, 7 mai 2018

« Bruxelles » a bien inspiré des réformes en France, mais c’est la France elle-même qui a décidé puis adopté avec ses partenaires le contenu de ces réformes.

France insoumise, Front national, même constat ? Lorsqu’il était encore membre du parti lepéniste, Florian Philippot avait déclaré la même chose : la loi travail aurait été préparée et dictée par « Bruxelles ». C’est oublier qui est « Bruxelles », et ignorer le rôle de l’Union européenne dans les lois économiques d’un État membre. Nous allons donc nous répéter…

Dire que cette réforme du droit du travail serait exigée par « Bruxelles » est largement exagéré, car ce sont en réalité les États membres qui prennent des engagements sur leur politique nationale.

Chaque année en juillet, le Conseil de l’Union européenne adopte des recommandations sur la politique économique. Ces recommandations ne sont pas obligatoires et si les États membres, dont la France, tentent malgré tout de s’y conformer, c’est parce que ce sont ces mêmes États membres qui en sont à l’origine : c’est une autre institution, le Conseil européen réunissant les chefs d’États et de gouvernements, qui a auparavant adopté par consensus des orientations générales de la politique économique. Cela signifie que la France dispose d’un moyen de contrainte si la politique envisagée ne lui convient pas : il lui suffirait en effet de s’opposer à la décision par la voix de son représentant, le Président de la République, pour faire échec à l’adoption de cette recommandation. Ensuite, sur la base de cette ligne, la France formule un programme de réformes précis, qui sera repris et adopté par le Conseil de l’UE. On comprend alors comment ces recommandations peuvent être un moyen peu honnête pour les États de faire porter par l’Union l’initiative des réformes qu’ils se sont en réalité eux-mêmes imposées. Et Danielle Simonnet, tout comme Florian Philippot et bien d’autres, semble être tombée dans le panneau.

Le peu d’intérêts que beaucoup portent à ce qui se décide dans les institutions de l’Union facilite ce double discours des États membres. Permettons-nous ici de regretter cette déresponsabilisation des dirigeants nationaux lorsqu’ils siègent dans les institutions de l’Union. Le Médiateur européen s’est déjà ému de cette absence de transparence des États au Conseil, en leur demandant de publier leur position individuelle afin que les citoyens puissent plus facilement comparer le discours de leurs dirigeants avec ce qu’ils ont réellement voté au niveau européen.

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