Des litres et des litres de liquide brunâtre. Une vidéo, partagée sur les réseaux sociaux, montre une bouillie immonde déversée par un paquebot dans l’océan. Selon certains internautes, ces images peu ragoûtantes révèleraient « la réalité derrière les croisières ».

« Les croisières, paradis flottants pour les touristes, enfer toxique pour les océans. Derrière le luxe : des tonnes d’eaux usées déversées en mer. Matières fécales, détergents, microplastiques… », se fend d’une diatribe un compte X, connu pour être un relai pro-russe, et qui engrange plus de 650 000 vues.

Bien que la pollution des paquebots de croisière soit réelle, cette vidéo a, en réalité, été générée avec un logiciel d’intelligence artificielle (IA) comme l’ont déjà dit nos confrères de TF1. Les Surligneurs font le point. 

Un compte spécialisé en contenus générés avec une IA

Des images virales de trop bonne qualité ? Il n’en faut parfois pas plus pour se méfier d’un contenu. Alors pour démêler le vrai du faux, Les Surligneurs se sont mis en quête du compte à l’origine de ces images. 

La première occurrence de cette vidéo est à chercher du côté du compte TikTok, Tokshopit. Dans la biographie du compte, il est clairement indiqué « AI vids », c’est-à-dire « vidéos intelligence artificielle ». L’auteur de cette publication a pour habitude de générer des contenus par intelligence artificielle. 

Aux côtés d’un perroquet qui fait du parapente et d’un hamster habillé de vêtements de pluie, la vidéo montrant des litres de liquide déversés par un paquebot paraît presque plausible. 

Fausse vidéo, pollution réelle

Et pour cause ! Les paquebots de croisière sont bien responsables d’une partie de la pollution marine. Dans un rapport spécial paru en mars 2025, la Cour des comptes européenne alerte sur la pollution marine causée par les navires (de tous types, dont les bateaux de croisières) et statue : « La pollution causée par les navires peut aussi prendre la forme de contaminants comme des hydrocarbures, des composés organiques, des métaux lourds et des substances dangereuses ». Parmi les sources de ces pollutions, on retrouve, entre autres, le rejet des eaux usées et des eaux « grises » (provenant des éviers, des douches et des machines à laver). 

Crédit : Rapport spécial sur la lutte contre la pollution marine causée par les navires, 2025 – Cour des comptes européenne

Bien que certaines règles se renforcent dans plusieurs États, le déversement d’eaux usées, non traitées, dans les océans est encore possible.

En effet, l’annexe IV de la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (MARPOL) régit ces problématiques depuis son entrée en vigueur en 2003 par l’organisation maritime internationale (OMI). Lorsqu’elles ne sont ni broyées ni désinfectées, les eaux usées peuvent être déversées à plus de 12 milles marins — environ 22 kilomètres — de la terre la plus proche. Des déversements qui posaient encore question, en 2023, devant le Sénat français. 

D’autant que les règles ne sont pas toujours respectées. Dans son rapport de mars 2025, la Cour des comptes européenne précise que « les problèmes liés aux plans de gestion des ordures, à l’organisation du travail à bord et aux stations d’épuration des eaux usées à bord figuraient parmi les infractions les plus fréquentes ». À noter qu’il ne s’agit pas simplement ici des bateaux de croisières.

Mise à jour le 28/03/2025 à 18h43 : suppression d’une citation incorrectement attribuée à un influenceur voyage.

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