Repoussée à 2030, l’obligation d’installation d’un thermostat n’impose pas de s’équiper d’un dispositif connecté
Auteur : Nicolas Turcev, journaliste
Relectrice : Clara Robert-Motta, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Nicolas Turcev, journaliste
Source : Roland Lescure, le 4 novembre 2025
Le ministre de l’Économie a officialisé le report, de 2027 à 2030, de l’obligation d’équiper tous les bâtiments d’un dispositif de régulation thermique, qu’il nomme thermostat « connecté ». Mais le décret ne requiert pas une liaison avec Internet ou un réseau local.
Ce sera finalement pour 2030. Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a officialisé sur BlueSky, le 4 décembre 2025, un report de trois ans pour l’obligation de l’installation d’un thermostat programmable dans tous les bâtiments, originellement prévue en 2027.
Cette annonce intervient après que Marine Le Pen, députée RN, a demandé, sur X, l’annulation de la mesure, au motif que ces équipements « v[ont] représenter une charge énorme pour nombre de propriétaires », comprise entre 100 et 400 euros, selon le spécialiste de l’énergie HelloWatt.
Le projet de report était en réalité déjà dans les cartons du gouvernement depuis la mi-novembre, comme l’avait relevé Batiactu : une consultation publique portant sur le report de certaines obligations réglementaires dans le secteur du bâtiment s’est achevée le 4 décembre.
Une erreur s’est toutefois glissée dans la communication gouvernementale – et dans une bonne partie de la presse et de la toile. Sur le réseau au ciel bleu, Roland Lescure parle de l’obligation de la pose de « thermostats connectés et programmables ». Mais seule la deuxième partie de cette affirmation est vraie : contrairement à ce qu’il dit, il n’existe aucune obligation d’installer un dispositif connecté.
Une obligation européenne
L’obligation de l’installation de thermostats programmables est une transposition de la directive européenne de 2009 relative à l’écoconception des produits liés à l’énergie, dont font partie les dispositifs de chauffage et de refroidissement. Ce texte est lui-même décliné dans un règlement de 2013 qui précise les modalités d’application de la directive, transposé en droit français par un décret publié le 8 juin 2023.
Le document impose l’installation d’un « système de régulation locale d’une installation de chauffage [qui] régule automatiquement, selon un pas minimum horaire, la température de chauffage par pièce ou, si cela est justifié, par zone de chauffage ». Ce système doit « permet[tre] la commande manuelle et la programmation de la température intérieure de consigne ».
Plus loin, le décret renvoie vers une liste établie par la Commission européenne qui précise les types de régulateurs dont devront être équipés les chauffages centraux à eau (classes IV à VIII). Tous doivent remplir des critères de régulation ou de modulation de la température en fonction du niveau de mercure à l’intérieur de la pièce.
Mais aucun texte, ni cette liste technique, ni le décret d’application, ni la directive européenne n’exige l’installation d’un thermostat « connecté » à Internet, à un réseau radio ou à un quelconque autre réseau.
La seule obligation est la pose d’un thermostat programmable, manuel ou automatique, dans le but de faire des économies de chauffage, comme l’ont déjà souligné La Dépêche du Midi et le site de RMC.
Quelques exceptions
La pose d’un thermostat peut faire économiser jusqu’à 15 % de consommation d’énergie liée au système de chauffage, selon l’Ademe. De quoi nuancer l’idée répandue selon laquelle le coût du dispositif et de sa pose seraient insoutenables : ils pourraient être remboursés en seulement deux ans grâce à la réduction de la consommation, selon l’Agence de la transition écologique.
En cas de difficultés financières, le décret de 2023 précise d’ailleurs que l’obligation d’installation des thermostats n’est valable que lorsqu’elle est « techniquement ou économiquement réalisable ». Sont aussi exclus les dispositifs de chauffage centraux « pour lequel l’alimentation en combustible n’est pas automatisée » – soit, a priori, les chauffages au fioul, au bois ou au charbon.
Reste que les propriétaires, s’ils n’y sont pas obligés, peuvent en effet opter pour un thermostat connecté. Par rapport aux simples thermostats programmables, ils peuvent être pilotés à distance depuis un téléphone ou une application, et permettent donc de réguler la température du logement même en cas d’absence.
