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Image d'illustration. CC0.

Grippe : pourquoi le vaccin change chaque année ?

Création : 17 novembre 2025

Auteur : Nicolas Kirilowits, journaliste

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Etienne Merle, journaliste

Source : Compte Facebook, le 12 novembre 2025

Se faire vacciner contre un virus ne signifie pas une immunisation à vie. Doté d’une grande variabilité génétique, le virus de la grippe ne peut être que partiellement contré qu’à l’aide d’un nouveau vaccin chaque année.

Alors que la campagne annuelle de vaccination contre la grippe saisonnière a débuté en France en octobre dernier, certaines publications sur les réseaux sociaux s’interrogent quant à l’intérêt de la vaccination en suivant le raisonnement suivant : « Nous avons un vaccin contre la grippe depuis 78 », et pourtant « nous avons toujours la grippe ».

Si la réflexion peut sembler a priori percutante, elle est avant tout trompeuse. En effet, s’il y a un nouveau vaccin contre la grippe chaque hiver, c’est parce que le virus évolue constamment.

« Comme le virus mute tous les ans, la composition du vaccin change également tous les ans pour coller un maximum aux évolutions observées », précise aux Surligneurs, Marie-Anne Rameix-Welti, la responsable du Centre National de Référence Virus des Infections Respiratoires au sein de l’Institut Pasteur. Autrement dit, sous le nom générique et grand public de « grippe » se cache chaque hiver, un nouveau variant du virus.

Un nouveau variant tous les ans

Ainsi, pour tenter d’avoir le vaccin le plus efficace possible, de nouvelles formules de vaccins sont fabriquées au regard des données dont disposent les spécialistes. « Il y a une surveillance mondiale de la grippe avec des données qui sont remontées tous les ans à l’Organisation mondiale de la Santé qui dévoile ensuite ses recommandations pour la composition des nouveaux vaccins », développe Marie-Anne Rameix-Welti.

Dans le détail, d’après l’Inserm, « ce processus de décision s’appuie sur un réseau mondial de surveillance […] qui collecte constamment des échantillons viraux et analyse les souches circulantes dans 143 centres répartis dans 114 pays, dont le centre national de référence des virus respiratoires à l’Institut Pasteur en France. »

En septembre dernier, l’OMS a annoncé ses recommandations pour l’hémisphère sud. « Comme les virus grippaux évoluent constamment, il est essentiel de mettre régulièrement à jour la composition des vaccins pour garantir leur efficacité et protéger la santé publique dans le monde entier », peut-on lire dans le document.

Pour l’hémisphère nord, les nouvelles recommandations seront connues en février, le temps, ensuite, de fabriquer les nouveaux vaccins qui seront administrés à l’automne 2026. « Il faut environ six mois pour que les laboratoires pharmaceutiques produisent les vaccins », précise Marie-Anne Rameix-Welti.

Concrètement, la protection vaccinale contre la grippe est un défi prédictif. Le site spécialisé sur l’information médicale Vidal.fr indique à cet égard que les recommandations de l’OMS sont réalisées « en fonction des souches de virus qui ont circulé durant l’hiver précédent et qui sont les plus susceptibles d’être présentes lors de l’hiver suivant. » Des explications rapportées également par Santé publique France.

Un vaccin qui protège des formes graves

Voilà pourquoi l’efficacité du vaccin contre la grippe n’est jamais optimale. Il est, de fait, impossible de deviner précisément quels virus circuleront avec certitude dans quelques mois.

Aussi, rappelle le Professeur des universités-praticien hospitalier Jean-Daniel Lelièvre aux Surligneurs : « Il faut comprendre que l’on vaccine les sujets cibles qui sont les sujets âgés, or ceux-ci répondent mal par essence à la vaccination du fait de l’immunosénescence« . Toutefois, souligne-t-il, « les vaccins protègent en général assez bien des formes les plus graves conduisant à l’hospitalisation, voire le séjour en réanimation. »

D’après des données du ministère de la Santé et Santé publique France, la grippe saisonnière touche chaque année, en moyenne, « entre 2 et 6 millions de personnes » en France et cause annuellement près de 10 000 décès, dont plus de 90 % « chez des personnes âgées de 65 ans ou plus ». La vaccination permettrait, quant à elle, de sauver près de 2 000 vies par an.

 

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