Non, Mathilde Panot n’a pas dit vouloir faire adopter une loi “Adama Traoré” contre la police
Autrice : Lili Pillot, journaliste
Relectrice : Clara Robert-Motta, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste
Source : Valeurs actuelles, le 26 août 2024
D’après Valeurs actuelles, la députée LFI Mathilde Panot voudrait faire adopter une loi “contre la police” intitulée “Adama Traoré”. C’est très exagéré : l’élue n’a fait qu’évoquer de potentielles futures lois interdisant uniquement certaines pratiques policières, notamment le plaquage ventral.
L’info a circulé quasiment exclusivement via des canaux et médias de droite et d’extrême droite. Notamment Valeurs actuelles, qui affirme le 26 août dans ses titres, sur les réseaux sociaux et son site web, que la députée LFI (La France insoumise) Mathilde Panot voudrait faire adopter une loi “Adama Traoré” “contre la police”.
Un jour avant, plusieurs comptes X s’insurgent : “Panot PROMET à Traoré une loi anti #Fdo [forces de l’ordre, ndlr] qui portera le nom d’Adama Traore !”. Ou encore : “En cas de nomination, Lucie Castets et ses alliés LFI feront adopter une loi contre la police appelée “Loi Adama Traoré””.
Toutes ces publications font référence à un même événement : un passage de l’entretien entre l’élue de gauche et Assa Traoré à l’occasion de l’université d’été du parti de gauche, organisé le 24 août dernier.
Si la parlementaire a effectivement évoqué de potentielles futures lois interdisant certaines pratiques policières, elle n’a pas fait mention d’une proposition de loi concrète, qui plus est construite “contre la police”.
Pas de loi “contre la police”
À la fin de l’été, la coutume veut que les partis politiques préparent leur rentrée lors de grands rendez-vous fédérateurs. De son côté, LFI s’est réuni dans la Drôme, pour les “Amfis”, du 22 au 25 août 2024. Parmi les conférences et interventions organisées, un entretien s’est tenu entre la députée Mathilde Panot et Assa Traoré, militante à l’origine du comité Adama, du nom de son frère décédé après une interpellation de la police. Un échange de plus d’une heure et demie, retransmis sur YouTube, notamment sur le sujet des violences policières.
Au cours de cette discussion, alors que l’élue demande à Assa Traoré plus de détails sur le parcours judiciaire vécu après la mort d’Adama Traoré, Mathilde Panot évoque effectivement de potentielles futures lois “Adama Traoré”.
Plus précisément, la députée déclare : “Non seulement tu as réussi à faire du nom d’Adama Traoré un symbole des violences policières, mais le jour où, par exemple, il y aura une loi pour l’interdiction du plaquage ventral, le jour où il y aura des lois pour interdire les méthodes qui tuent, qui sont responsables de la mort, ces lois porteront aussi le nom d’Adama Traoré”.
Il n’est donc pas question d’une quelconque proposition de loi concrète. Surtout, l’élue n’a pas évoqué de lois “contre la police”, de façon générale, mais ciblées uniquement sur certaines pratiques utilisées par les forces de l’ordre.
Valeurs Actuelles précise ce contexte, mais plus tard dans son article ou seulement à la fin de son post Instagram. Conséquence : des internautes sont induits en erreur et reprennent l’information telle quelle, sans nuancer le propos.
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