Troubles du sommeil : faut-il prendre en compte les “courants telluriques” ?

Le stress du quotidien, les chaleurs de l’été ou encore les résultats des sportifs français pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques, les facteurs pouvant affecter la qualité du sommeil sont nombreux et complexes à définir. Selon l’Assurance Maladie, “En 2022, un français sur deux se plaint de problèmes de sommeil.”

Il n’est pas étonnant alors d’observer que les réseaux sociaux pullulent de “bons conseils” pour mieux dormir. Dans une vidéo publiée sur Facebook, une personne présentée comme “naturothérapeute” préconise notamment de “placer sa tête au Nord et ses pieds au Sud” pour tirer profit “directement des courants telluriques qui partent du pôle Nord au pôle Sud”. Une information drapée dans des allures savantes, mais dont nous n’avons trouvé nulle trace dans la lecture scientifique ou spécialisée malgré nos recherches.

Le sommeil sans orientation

Organisation mondiale de la Santé, ministère de la Santé, Institut National du Sommeil et de la Vigilance (INSV), ou encore l’Assurance Maladie, aucune de ses structures, pour le moins crédibles, ne fait référence à cette idée pour améliorer son sommeil.

Dans une brochure explicative, l’INSV, référence en la matière, dresse une liste de dix recommandations et précise que “bien dormir passe par des règles d’hygiène du sommeil simples.” Si orienter son lit selon des points cardinaux, comme le recommande la publication, peut de fait sembler simple, le conseil n’est pourtant pas repris. Même constat sur le site Internet de l’Assurance Maladie qui consacre une page entière à la question suivante : “Je dors mal : que faire ?”.

Pour Serge Agzikarian, naturopathe et secrétaire général de la Fédération française de la naturopathie (Féna), “le sommeil est un sujet essentiel pour le bien-être de chacun et donc pour la naturopathie, mais ce genre de conseils n’a rien à voir avec notre pratique”. “La naturopathie est centrée sur trois piliers : l’alimentation, la gestion du stress et des émotions, et l’exercice physique”, résume Sophie Pihan, naturopathe.

Rappelons à cet égard que la naturopathie est considérée, par le ministère de la Santé, comme une pratique de soins non conventionnelle (PSNC) à l’instar de l’homéopathie, l’hypnose ou encore la réflexologie. Elle ne bénéficie pas d’un cadre légal comme l’indique d’ailleurs sur son site Internet la Féna.

“Scientifiquement, rien ne prouve que changer l’orientation de son lit ait un quelconque impact bénéfique sur le sommeil”, affirme pour sa part Florian Lecuelle, psychologue clinicien du sommeil et membre de l’Association nationale pour la promotion des connaissances sur le sommeil (PROSOM).

Repos numérique

Une autre allégation étonnante, évoquée dans la publication, concerne “les ondes électromagnétiques qui vont nous épuiser sur le plan énergétique”. Notre “naturothérapeute” recommande, comme stratagème, de débrancher tous les appareils, électriques et électroménagers, avant de dormir. Mais là encore, rien n’y fait, “aucun trouble du sommeil ne pourra être résolu en débranchant des appareils”, explique Florian Lecuelle, “même si cela peut avoir un impact selon la sensibilité de chacun”, précise-t-il.

Les méfaits des écrans sont eux en revanche particulièrement documentés. Ainsi, Santé Publique France préconise de “se déconnecter des écrans le soir, au moins une heure avant de se coucher” pour favoriser son sommeil.

Même recommandation pour l’Assurance Maladie : “rangez tous vos écrans dans une autre pièce et coupez les alertes et notifications de façon à ne pas être réveillé dans la nuit. Arrêtez vos appareils ou mettez-les en mode silencieux”, est-il écrit notamment sur son site Internet.

Dans un jeu des 6 erreurs, consultable ici, l’INSV affirme que “les appareils électroniques perturbent le sommeil, notamment en stimulant la vigilance, en alertant le dormeur de la réception des messages ou appels”.  À ce propos encore, vous pouvez relire notre article consacré aux nuisances de la lumière bleue sur le rythme biologique.

Autrement dit, “l’épuisement énergétique” causé par “les ondes électromagnétiques” relève davantage de la croyance ou du sentiment que de la preuve scientifique. Un constat qui prévaut pour l’ensemble de cette publication.

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