Jeux olympiques de Paris 2024 : non, Novak Djokovic n’a pas brandi sa croix pour dénoncer une cérémonie d’ouverture blasphématoire
Autrice : Maylis Ygrand, étudiante à l’École publique de journalisme de Tours
Relecteurs : Etienne Merle et Clara Robert-Motta, journalistes
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Clotilde Jégousse, journaliste
Source : Post Facebook, le 28 juillet 2024
D’après un post Facebook, publié dimanche 28 juillet, Novak Djokovic aurait dénoncé certaines scènes de la cérémonie d’ouverture des Jeux. Et ce, en brandissant sa croix. Pourtant, en regardant le match, le geste apparaît plus pratique que symbolique.
La superstar du tennis mondial, Novak Djokovic, aurait-il un message politique à faire passer pendant les JO de Paris ? C’est en tout cas ce qu’affirme une internaute, sur Facebook, dans un post publié le 28 juillet dernier : “En réponse au blasphème commis lors de la cérémonie d’ouverture des JO, Novak Djokovic a brandi sa croix hier pour son premier match dans le tournoi olympique”, semble-t-elle applaudir. Cette profession de foi ferait suite à certaines scènes de la cérémonie d’ouverture, critiquées par une partie de la communauté catholique.
En ligne de mire ? La représentation d’un tableau similaire à “La Cène” – le dernier repas de Jésus avec ses apôtres – de Léonard de Vinci. Bien que le directeur artistique de la cérémonie, Thomas Jolly, ait assuré s’être inspiré du tableau, le “Festin des dieux”, une partie de la communauté catholique reste blessée. Et c’est, semble-t-il en quête de soutien, que notre internaute paraît avoir fait quelques raccourcis en voyant la croix de Novak Djokovic.
Que ce soit sur Facebook ou Instagram, le joueur de tennis ne cache, en effet, pas sa foi. Et c’est donc en tant que chrétien orthodoxe qu’il a pour habitude de porter une croix autour de son cou. Mais l’a-t-il pour autant brandie, lors de son premier match des Jeux, en réponse à de présumés blasphèmes ? Pour démêler le vrai du faux, les Surligneurs ont rembobiné la cassette.
Geste pratique
Au lendemain de la cérémonie d’ouverture, le joueur serbe affrontait, au premier tour du tournoi du simple messieurs des Jeux olympiques, l’australien Matthew Ebden. Alors que Novak Djokovic le devance d’un jeu, son adversaire le fait plier au bord du filet.
Ce long point n’est pas sans importance pour notre histoire. En effet, c’est à la suite de ce dernier que Novak Djokovic replace sa croix, partie se loger dans son dos. L’image retransmise à la télévision est identique à celle partagée par notre internaute. Tout colle : la couleur rouge du polo, l’expression du visage et le mouvement effectué.
Le geste ne dure qu’une fraction de seconde, et aurait pu rester anodin. Problème : le réalisateur décide de diffuser son ralenti, comme cela est souvent fait sur des chaussures qui balaient les lignes de terre battue ou sur une balle qui rebondie, simplement pour varier les plans. Il n’en fallait pas moins pour alimenter le narratif des internautes, qui se sont emparés de l’image, largement relayée sur X (ex Twitter) et Instagram, toujours la même. Mais rien ne permet d’affirmer que le joueur serbe faisait passer sa croix de l’autre côté de son cou pour des raisons autres que la praticité.
Aucune déclaration en la matière
De plus, alors qu’il aurait pu s’exprimer pendant la conférence de presse d’après match, sur les présumés blasphèmes, le sujet n’a apparemment pas été mis sur le tapis. Au programme : fustigation du règlement du tournoi, fierté de la place donnée aux joueuses et joueurs de tennis durant la cérémonie d’ouverture… mais pas un mot sur une quelconque reproduction de la Cène prétendument outrageante. Les conclusions de la cybernaute paraissent donc bien hâtives. Le joueur serbe ne semble pas avoir brandi sa croix “en réponse aux blasphèmes commis lors de la cérémonie d’ouverture des JO”. Mais paraît plutôt l’avoir coulissé pour des raisons pratiques.
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