Crédits photo : U.S. Marine Corps, photo du Maj. Joshua Smith, domaine public

Vu sur Facebook : le porte-avions Charles-de-Gaulle bientôt contrôlé par l’OTAN ?

Création : 17 avril 2024

Autrice : Lili Pillot, journaliste

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Sasha Morsli Gauthier

 

Source : Compte Facebook, 12 avril 2024

Sur les réseaux sociaux, des posts s’alarment d’une perte de souveraineté pour la France en matière de défense : le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle passerait d’ici peu sous le contrôle de l’Alliance. C’est pourtant faux.

La France va-t-elle perdre le Charles-de-Gaulle, son mythique porte-avions ? Dès l’annonce le 11 avril 2024 d’une nouvelle mission sous commandement de l’OTAN par le ministère des Armées, les réactions de certaines oppositions ont fusé : “Incroyable : soumission historique sous #Macron de la France à l’#OTAN et donc aux Américains !” s’est révolté l’ancien député européen Florian Philippot sur le réseau social X. Le président de l’Union populaire républicaine (UPR), le souverainiste François Asselineau y est également allé de son commentaire : “Macron pousse la soumission de la France jusqu’à l’humiliation.” À gauche, l’ancien candidat à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, a tweeté le lendemain matin, peiné :“Tristesse. Vassalisation affichée.”

Des réactions alarmistes qui ont également interrogé certains internautes : « Le porte-avions Charles-De-Gaulle va passer sous le contrôle de l’OTAN. Ne pourrait-on pas le débaptiser avant, par respect pour la mémoire du grand homme…« , s’inquiète l’un d’entre eux.

Oui, la France va bien participer à une mission de l’Alliance atlantique en mer Méditerranée, aux côtés d’autres nations alliées (Grèce, Espagne, Portugal, Etats-Unis, Italie). La mission, pilotée par l’état-major tactique de l’OTAN « StrikforNato » situé à Lisbonne, aura notamment pour objectif de « renforcer la posture défensive et dissuasive de l’Otan« , selon un tweet du ministère des Armées. Sauf que cette opération est temporaire et n’implique pas la perte du commandement du Charles-de-Gaulle…

Mission temporaire et réversible

En effet, dans le cadre de cette mission baptisée « Akila« , qui doit durer deux mois, le Groupe aéronoval (GAN) de l’armée française, qui comprend le mythique porte-avions, sera placé sous le commandement de l’OTAN. Mais seulement pour une « petite quinzaine de jours » a expliqué le contre-amiral Jacques Mallard, commandant du GAN, en conférence de presse le 11 avril 2024. C’est-à-dire du 26 avril au 10 mai précise l’Agence France Presse (AFP), citée par plusieurs médias.

Sur cette courte période, « le Chef d’État-Major des armées renonce temporairement aux contrôles opérationels du bateau« , indique aux Surligneurs Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l’OTAN. Mais ce transfert de compétences relève uniquement « d’ordres opérationels militaires. Toutes les forces sont reliées à la force nationale« , abonde Michel Goya, ancien colonel des troupes marines et enseignant spécialisé dans l’histoire militaire et l’analyse des conflits. « Au final, c’est toujours la chaîne nationale qui a le dernier mot. »

En plus d’être strictement limité à une mission en particulier, « ce transfert de compétence est toujours réversible », précise Camille Grand. « Il n’existe aucun cas où l’OTAN puisse exiger le contraire. »

Le vice-amiral français Didier Maleterre, numéro deux du commandement maritime de l’Otan, l’avait d’ailleurs déjà précisé auprès de l’AFP : « à tout moment on peut récupérer le mandat, et en un claquement de doigts récupérer le commandement national en cours d’opérations. »

Contexte de tensions

Reste que si ce type de transfert est courant, « c’est la première fois que le GAN est placé sous le commandement [de l’OTAN] dans son intégralité« , indique Camille Grand. Un moyen de montrer que la France « est un allié » mais aussi d’observer et « de comprendre comment la chaîne de commandement de l’OTAN fonctionne« , précisait le contre-amiral Jacques Mallard lors de la conférence de presse, dans un contexte de tensions galopantes avec la Russie.

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