Volodymyr Zelensky n’a pas racheté l’une des principales banques privées françaises
Auteur : Nicolas Kirilowits, journaliste
Relecteur : Etienne Merle, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Clara Robert-Motta, journaliste
Source : Publication X, le 5 mars 2025
L’information, largement relayée sur les réseaux sociaux, ne se base sur aucun fait avéré. AnaCap, le fonds d’investissement britannique qui contrôle actuellement Milleis banque, a démenti l’information auprès des Surligneurs.
La désinformation concernant le président ukrainien ne faiblit pas, bien au contraire, depuis quelques semaines et le changement d’approche, en partie pour des raisons financières, de l’administration de Donald Trump dans la guerre contre la Russie.
« Volodymyr Zelensky a acquis la plus grande banque d’investissement privée française, Milleis Banque, par le biais de sociétés offshore qui lui sont associées pour plus d’un milliard d’euros », affirme une publication sur Facebook.
Sous-entendu, le président ukrainien qui sollicite l’aide financière de nombreux partenaires occidentaux n’hésiterait pas, dans le même temps, à s’enrichir personnellement.
« Zelensky ne perd pas une seule occasion de s’enrichir personnellement aux frais des aides occidentales et donc des contribuables pris en otage par leurs gouvernements collabos », soutient une autre publication.
Une « information » inventée de toute pièce
Cette fausse information circule depuis la diffusion, sur les réseaux sociaux, d’une vidéo supposée être un reportage. À l’écran, un prétendu journaliste lance un « reportage » sur le sujet de cette fausse acquisition. Comme de nombreux médias français et étrangers l’ont déjà démontré (France 24, AFP, dpa, Lead Stories), tout, dans la forme, est ici bidon. D’ailleurs, la supposée chaîne TV12 qui diffuse cet étrange reportage… semble inexistante. Les Surligneurs n’ont trouvé aucune trace de cette structure.
Quant au fond, si le président Zelensky a bien été épinglé dans l’affaire des Pandora Papers en 2021 à propos de la société offshore citée, tout le reste des allégations avancées ne repose sur aucun élément matériel.
Milleis Banque, « troisième acteur français indépendant dans le domaine de la gestion de patrimoine » et « 13 milliards d’euros d’actifs clients », selon les informations affichées sur son site Internet, appartient toujours au fonds d’investissement britannique AnaCap.
En effet, le nom de ce dernier et un encadré sur son histoire sont toujours visibles dans l’onglet « Qui sommes-nous ? » de la banque.
La banque a, d’ailleurs, réagit à la publication de ce faux reportage. « Milleis Banque Privée a pris connaissance de fausses informations diffusées sur certains réseaux sociaux et médias. Nous tenons à apporter un démenti formel à ces allégations et nous nous réservons le droit d’entreprendre toute action si nous le jugions nécessaire », prévient la société sur son site internet.
Propriétaire inchangé
Contacté par les Surligneurs, le service presse d’Anacap dément, lui aussi, « catégoriquement » ces allégations. « Milleis Banque Privée est détenue par son actionnaire, AnaCap, depuis 2017 et continue de l’être. »
D’ailleurs, sur la page consacrée aux différentes entreprises gérées par le passé ou actuellement par le fond britannique, Milleis Banque est toujours présentée comme un actif de ce dernier.
Aussi, dans une interview au journal Le Figaro, publiée le 23 février 2025, le directeur général de Milleis Banque, Nicolas Hubert, ne stipule rien quant à une éventuelle cession de l’entreprise.
À la question : « Le fonds AnaCap est là depuis sept ans. Vous préparez-vous à le voir sortir du capital ? » Celui-ci répond : « Il avait indiqué qu’il resterait entre sept et dix ans au capital. Il n’est pas pressé de partir. Quel que soit l’actionnaire après lui, l’identité de la banque perdurera. »
Sans preuve supplémentaire, et faute d’éléments matériels venant de l’accusation, rien ne permet d’affirmer que Volodymyr Zelensky a racheté la banque privée française, jusqu’à preuve du contraire.