Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ont-ils bénéficié d’un traitement de faveur pour faire la pub de leur livre par rapport à Jordan Bardella ?
Autrice : Lili Pillot, journaliste
Relecteur : Etienne Merle, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Jeanne Boyer, étudiante en journalisme à l’école W
Source : Compte Facebook, le 28 octobre 2024
Après l’annonce du retrait de la promotion du livre de Jordan Bardella dans les gares, plusieurs personnes dénoncent une injustice, soulignant qu’auparavant, Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy ont pu faire la publicité de leur autobiographie. Il subsiste une nuance entre ces situations : ces politiques n’étaient plus élus ou président de parti au moment de la publication.
Une “dictature de l’extrême-gauche“ frapperait-elle la SNCF ? Alors que Ségolène Royal, ou encore Nicolas Sarkozy, ont eu toute la liberté de faire la promotion de leur livre dans les gares SNCF et RATP en 2018 et 2023, Jordan Bardella s’est vu refuser cette possibilité, le 28 octobre 2024. Pour le Rassemblement national (RN) et ses partisans, il s’agit d’un traitement en défaveur du président du RN.
Dans la foulée du refus de MediaTransports, Jordan Bardella a dénoncé un “acte de censure” sur X. Une rhétorique reprise par plusieurs membres de son parti, notamment par le député de la Somme Jean-Philippe Tanguy ou encore par Éric Ciotti, invité sur “C à vous” le 29 octobre dernier.
Sur Facebook, des internautes ont aussi critiqué cette décision. “La dictature de l’extrême-gauche est moins regardante pour Ségolène Royal qui a bénéficié des espaces commerciaux dans les gares pour son livre.”
Si le principe de neutralité du service public inhérent aux gares ne semble pas remis en question dans ce cas, comme nous l’avions surligné, crier au loup sans donner certains éléments de contexte peut prêter à confusion. En effet, comparer la promotion des livres de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal à celle de Jordan Bardella n’est pas pertinent. Explications.
Élu, président de parti et homme politique en devenir
Pour dénoncer l’injustice dont il se dit victime, le président du RN a fait circuler une liste de personnalités politiques qui, comme lui, ont voulu faire la promotion de leur livre dans les gares, mais avec plus de réussite.
“Pourquoi cette liste de livres politiques a pu bénéficier sans problème d’un affichage en gares ? Cette campagne a été purement et simplement interdite sous pression de syndicats d’extrême gauche”, écrivait-il sur X le 30 octobre dernier. Y figure notamment Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Deux personnalités qui n’ont par ailleurs pas grand-chose à voir avec l’extrême gauche.
Regardons au cas par cas. Par exemple, pour le livre Le temps des combats de Nicolas Sarkozy, il s’agit d’un livre autobiographique qui raconte la deuxième partie du quinquennat de l’ancien président. “Une grosse nuance”, précise MediaTransports à nos confrères de France Inter. “Il s’agissait là d’un livre de mémoire écrit par un ancien président n’ayant plus de mandat.”
Là se trouve toute la différence, selon la régie publicitaire de la SNCF : contrairement à Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy, qui étaient respectivement ambassadrice chargée de la négociation internationale pour les pôles et ancien président de la République au moment de la promotion de leur livre, Jordan Bardella est un homme élu et actif politiquement. En plus d’être le président du Rassemblement national, il est actuellement député européen.
Contacté, MediaTransports précise que le contenu de l’ouvrage joue également. “Ça dépend aussi du sujet du livre. L’analyse qu’opère MediaTransports repose à la fois sur l’auteur et la thématique abordée. C’est une analyse de l’ouvrage dans son ensemble.”
Si chacun est libre d’approuver ou non les critères sur lesquels s’appuie MediaTransports, Les Surligneurs n’ont pas trouvé trace de personnalités politiques élues ayant pu profiter d’une campagne publicitaire dans les gares de France. MediaTransports nous confirme que ça n’a jamais été le cas. Difficile donc d’y voir un deux poids deux mesures sur la base de ces critères.
Enfin, si certains syndicats ont exprimé leur souhait de ne pas voir de publicité de l’autobiographie de Jordan Bardella affichée dans les gares, aucun élément factuel ne prouve que la régie publicitaire aurait agi sous la pression d’une quelconque “extrême gauche”.
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