Procès Lafarge : dix ans après les versements à Daesh, l’heure des comptes
Dernière modification : 5 novembre 2025
Auteur : Etienne Merle, journaliste
Relecteurs : Jean-Baptiste Thierry, professeur de droit pénal à l’université de Lorraine
Clara Robert-Motta, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Etienne Merle, journaliste
Plus de dix ans après avoir maintenu son usine au cœur de la Syrie en guerre, Lafarge comparaît pour avoir, selon la justice, financé des organisations terroristes, dont Daesh. Le procès devra dire si le cimentier a pactisé avec le pire pour produire, ou pour protéger ses salariés.
Le sable, le sang, le ciment. En Syrie, Lafarge a maintenu sa production sous les bombes. Plus de 10 ans plus tard, elle doit prouver qu’elle n’a pas, ce faisant, financé le terrorisme.
À partir du 4 novembre 2025, la justice française juge la multinationale Lafarge SA et plusieurs de ses anciens dirigeants pour avoir versé, entre 2012 et 2014, des millions d’euros à des groupes armés en Syrie, dont l’État islamique (Daech), afin de maintenir en activité sa cimenterie de Jalabiya, au nord du pays.
Le procès est déjà historique : jamais une entreprise n’avait été jugée en France pour de tels faits. Et l’enjeu dépasse de loin la seule question du financement. En toile de fond, une autre enquête, plus lourde encore : la complicité de crimes contre l’humanité.
Un pari industriel devenu affaire d’État
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