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Le suspect remis en liberté le 5 septembre 2025 aurait fourni un logement et de l'assistance logique au narcotrafiquant lors de sa cavale. Crédits : Octav Ganea / AFP / Inquam photos

Non, un complice présumé de Mohamed Amra n’a pas été libéré pour vice de procédure

Création : 12 septembre 2025

Auteur : Nicolas Turcev, journaliste

Relectrice : Clara Robert-Motta, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Nicolas Turcev, journaliste

Source : AFP, le 6 septembre 2025

Soupçonné d’avoir aidé le narcotrafiquant à s’échapper vers la Roumanie, le suspect a été remis en liberté après expiration du délai légal de sa détention provisoire.

L’erreur serait monumentale. L’un des complices présumés du narcotrafiquant Mohamed Amra aurait été remis en liberté, le 5 septembre 2025, pour « vice de procédure », d’après une dépêche de l’AFP. Arrêté en Allemagne puis remis à la France et placé en détention provisoire le 6 mai, Oltjon O. est mis en examen dans le cadre d’une information judiciaire pour meurtres, tentatives de meurtre, évasion et association de malfaiteurs, confirme le parquet de Paris aux Surligneurs.

Le 14 mai 2024, Mohamed Amra, alors en détention à la maison d’arrêt d’Évreux, était parvenu à s’échapper lors d’une attaque sanglante sur le fourgon qui le ramenait de Rouen, où il était entendu par un juge d’instruction. Deux agents pénitentiaires avaient été tués.

Après neuf mois de cavale, le 22 février 2025, celui qui est surnommé « la mouche » avait été rattrapé à Bucarest. Oltjon O. est soupçonné d’avoir coorganisé l’exfiltration du criminel, selon des informations révélées par RTL et l’AFP. Il aurait « escorté » la voiture transportant Mohamed Amra jusqu’en Roumanie, et lui aurait également fourni un logement.

Le délai légal de la détention provisoire a expiré

L’annonce de sa mise en liberté pour « vice de procédure » par l’AFP a provoqué l’ire de nombreux internautes. « Tous des incapables. Pour mettre des fonctionnaires de police devant les tribunaux parce qu’ils ont fait leur métier en tirant sur de la racaille, là vous êtes forts », écrit un utilisateur dans les commentaires d’une publication.

Mais le parquet de Paris a rapidement démenti l’information. La remise en liberté d’Oltjon O. « n’est aucunement liée à un vice de procédure », affirme le ministère public auprès des Surligneurs. « Les antécédents judiciaires de l’intéressé ne permettaient pas de prolonger sa détention provisoire. Dès lors, cette mesure a pris fin à l’issue du délai légal de quatre mois prévu [par la loi] ».

L’article 145-1 du code de procédure pénale dispose qu’en matière de délits, la détention provisoire ne peut dépasser quatre mois que si le mis en examen « n’a pas déjà été condamné pour crime ou délit de droit commun soit à une peine criminelle, soit à une peine d’emprisonnement sans sursis d’une durée supérieure à un an et lorsqu’elle encourt une peine inférieure ou égale à cinq ans ».

Une dérogation qui ne peut pas s’appliquer pour ce cas

Pourtant, par dérogation au 145-1, l’article 145-1-1 du code de procédure pénale prévoit une détention provisoire de six mois pour au moins un délit reproché à Oltjon O. : la participation à une association de malfaiteurs. Mais le parquet précise que cette disposition « n’était pas applicable en l’espèce », la mise en détention du mis en cause étant antérieure à l’entrée en vigueur de cet article, introduit par la loi du 13 juin 2025 visant à sortir la France du piège du narcotrafic.

Autrement dit, la remise en liberté du complice présumé de Mohamed Amra ne découle pas d’un vice de procédure, mais de l’application stricte du droit. Toujours sous le coup d’une mise en examen, Oltjon O. a été placé sous contrôle judiciaire, indique le parquet de Paris aux Surligneurs. Le suspect doit rester en Île-de-France et pointer trois fois par semaine dans un commissariat, selon des informations de BFMTV.