Non, prêter sa voiture à un proche sans l’avoir déclaré ne vous coûtera pas 750 euros
Auteur : Etienne Merle, journaliste
Relectrice : Maylis Ygrand, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Etienne Merle, journaliste
Source : Compte Facebook, le 31 juillet 2025
Depuis début août, une vidéo virale affirme qu’une nouvelle loi sanctionne de 750 euros le prêt d’un véhicule à un ami ou un membre de sa famille sans déclaration préalable auprès de l’ANTS. Une information fausse : aucune loi ni décret n’impose une telle obligation.
« À partir du 1er septembre 2025, toute personne qui prête son véhicule personnel à un tiers sans déclaration préalable en ligne sera passible d’une contravention immédiate ». Montant de l’amende présumée : 750 euros. Voilà ce qu’annonce une vidéo relayée massivement sur les réseaux sociaux. La séquence prétend s’appuyer sur un nouvel article du Code de la route, le L324-2, modifié par décret.
Pour renforcer sa crédibilité, la vidéo cite des médias comme France Info ou BFMTV comme sources.
Le succès est immédiat : des dizaines de milliers de partages indignés. Sous la vidéo, des internautes dénoncent une dérive autoritaire et s’inquiètent d’une supposée surveillance généralisée des conducteurs : « La France se transforme en dictature. Plus aucune liberté », s’agace ainsi un internaute.
Une loi qui n’existe pas
Problème : cette mesure n’a jamais été discutée ni adoptée. Le ministère de l’Intérieur l’a confirmé à l’AFP : « Cette information est fausse ». Surtout, le fameux article L324-2 du Code de la route existe bien, mais il ne concerne que l’obligation d’assurance pour tout véhicule motorisé circulant sur la voie publique. En aucun cas, il n’impose de déclaration en ligne lors d’un prêt ponctuel de véhicule.
Ni Légifrance, qui recense l’intégralité des textes en vigueur, ni le Journal officiel, où doivent paraître les lois et décrets applicables, ne contiennent la moindre trace d’une telle obligation. Et aucun débat parlementaire n’a porté sur une mesure aussi sensible, qui concernerait des millions d’automobilistes. Enfin, ni le site de France Info ni celui de BFMTV n’ont mentionné une telle mesure.
Comme dans d’autres intox récentes sur une prétendue taxe de 4 % sur les retraits en liquide ou une amende visant les personnes seules occupant un logement trop grand, la méthode est la même : inventer une mesure spectaculaire, lui donner une date d’entrée en vigueur proche, l’associer à des images officielles, et citer des médias connus. Le but : provoquer colère et viralité. Et sur ce point, la mission semble réussie…