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Non, l’OMS n’a pas annoncé la fin de l’alerte de l’épidémie de mpox

Création : 28 août 2024

Autrice : Clara Robert-Motta, journaliste

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétaire de rédaction : Etienne Merle, journaliste

Source : Compte Facebook, le 26 août 2024

Une vidéo du directeur de l’OMS est réutilisée pour affirmer que l’OMS a annoncé la fin de l’état d’urgence de santé publique de portée internationale, lancée le 14 août 2024 pour le mpox (variole du singe). C’est faux, cette annonce date d’il y a plus d’un an, en mai 2023.

Depuis que l’Organisation mondiale de la Santé a estimé que le mpox (variole du singe) constituait une “urgence de santé publique de portée internationale ce 14 août, de nombreuses (dés)informations ont proliféré sur les réseaux sociaux et sur lesquelles Les Surligneurs se sont déjà penchés. Celle-ci s’est répandue comme une traînée de poudre grâce à une vidéo en guise de preuve. 

L’OMS a fait volte face, ils ont retiré leur alerte mondiale pour la variole du singe”, assène un internaute sur TikTok le 26 août. Moins de deux semaines après le déclenchement de l’urgence, l’institution onusienne aurait-elle considéré que le problème était réglé ? Eh bien non !

Vidéo réelle, mais datée

Une simple recherche sur le site de l’Organisation mondiale de la Santé prouve que rien n’a été annoncé en ce sens. 

Mais alors pourquoi cette idée circule-t-elle ? En guise de preuve, certains comptes ont partagé une vidéo de Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur de l’OMS, annonçant que le comité d’urgence pour le mpox s’était réuni et avait conseillé de ne plus considérer l’épidémie de mpox comme une urgence de santé publique de portée internationale. 

Si cette séquence est réelle, elle est complètement sortie de son contexte, comme l’ont déjà repéré nos confrères de RFI et de l’AFP. Le directeur de l’OMS avait publié cette vidéo en mai 2023 pour annoncer la fin de l’urgence sur le mpox qui avait débuté en juillet 2022. S’il s’agit dans les deux cas du virus de la variole, les deux situations d’urgence sont donc bien distinctes.

Situations différentes

Pour bien comprendre, il faut s’intéresser aux différents groupes du virus. Le virus de la variole du singe (mpox) fait partie de la famille des orthopoxvirus, comme le cowpox mais aussi le virus de la variole (maladie éradiquée officiellement depuis 1980). 

Dans ce virus mpox on trouve deux groupes principaux : le clade I et le clade II. “Entre ces deux groupes il y a 95% d’homologie génétique, ils sont très proches, explique Olivier Schwartz. Mais au sein de chaque clade on trouve également des variations, et ils ne circulent pas tous exactement de la même façon.” 

En juillet 2022, l’OMS déclare une situation d’urgence internationale, car le clade IIb du mpox circulait à la fois dans les pays où la maladie est endémique (en Afrique centrale notamment) et dans certains où elle ne l’est pas (en Europe). À ce moment-là, le virus touche majoritairement des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. L’épidémie, enrayée par des mesures de diagnostic et de soin, ne sera donc plus considérée comme une urgence à partir de mai 2023.

En août 2024, l’OMS déclare cette fois une situation d’urgence internationale au vu de la flambée de l’épidémie sur le continent africain. Cette fois-ci, c’est plutôt le clade I, et spécifiquement le Ib qui inquiète. On compte plus de 17 000 cas en République démocratique du Congo et dans des pays limitrophes. 

Dans l’épidémie de 2024, le profil épidémiologique des patients est un peu différent de celui de l’épidémie de 2022. “Une part importante des personnes touchées sont des professionnelles du sexe et leurs clients. On trouve aussi un nombre important d’enfants de moins de 15 ans touchés”, énumère Olivier Schwartz.

Le continent européen, lui, est quasi épargné. Un seul cas de mpox de clade Ib a été détecté en Suède, le 15 août. Aussi, l’urgence de santé de portée internationale déclarée ce 14 août dernier a pour objectif de prévenir la maladie, surtout dans les pays africains touchés. “La déclaration d’urgence de portée internationale doit permettre de mettre en place une solidarité entre les pays”, développe Cécile Malnou, professeure de virologie à l’Université Paul Sabatier-Inserm. 

Grâce aux financements internationaux, il s’agit de pouvoir suivre l’évolution des cas dans certains pays qui n’auraient pas les moyens de le faire seul. Le 26 août, l’OMS a annoncé le lancement d’un “plan stratégique mondial de préparation et d’intervention” d’une valeur de 135 millions de dollars pour le continent africain.

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