Non, le réchauffement climatique ne « crée » pas les feux, mais il les décuple
Autrice : Clarisse Le Naour, double cursus L3 science politique et L3 droit public à l’université Lumière Lyon II
Relecteur : Etienne Merle, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Etienne Merle, journaliste
Source : Compte X, le 12 août 2025
Une vidéo virale prétend montrer que les feux seraient uniquement criminels. Si la plupart des incendies démarrent majoritairement par l’activité humaine, le réchauffement climatique en amplifie la propagation et la violence.
Depuis le début du mois d’août, une vidéo circule largement sur Facebook et X. On y voit un véhicule arrêté sur le bas-côté, un homme sortir puis enflammer volontairement une parcelle de végétation.
La vidéo est accompagnée d’un commentaire pour le moins catégorique : « 99% des incendies sont criminels et d’origines humaines. Le 1% restant est un accident humain !!! (mégot de cigarette, loupe, etc…) Il n’y aucun feu d’origine purement naturel ! C’est juste des mensonges des médias ! », dénonce un internaute.
Pour appuyer cette affirmation, la vidéo est présentée comme une illustration des incendies en Espagne. Or, premier problème factuel : la scène ne vient pas d’Espagne, mais d’Italie, comme l’on raconté plusieurs médias locaux italiens.
Des départs de feu majoritairement liés à l’activité humaine
En revanche, le post vise juste sur un point : les incendies naissent rarement « spontanément ». Les départs de feu sont dans l’immense majorité des cas liés à l’activité humaine, volontaire ou accidentelle (mégots de cigarettes, barbecues ou feux de camp, travaux, réseaux électriques, pyromanie, etc).
En France, par exemple, 90 % des feux de forêt sont d’origine humaine, selon l’observatoire des forêts français. Mais affirmer qu’“il n’y a aucun feu d’origine purement naturel” est faux. La foudre, un phénomène naturel, reste une cause connue de départs de feu, notamment dans des zones reculées.
Allumette humaine, brasier climatique
Autre approximation de la publication, le lourd sous-entendu qui tend à montrer qu’il n’y aurait aucun lien entre le réchauffement climatique et les incendies. Le feu a besoin de trois ingrédients : une étincelle, du combustible et de l’oxygène.
Le réchauffement climatique agit sur le combustible : températures plus élevées, sécheresses répétées et sols asséchés transforment la végétation en poudre inflammable, comme l’ont démontré de nombreuses études scientifiques et des rapports (lire ici, ici, ici ou ici).

Vue aérienne montrant une route traversant des terres brûlées par des incendies de forêt, dans l’Aude, le 18 août 2025. Photo : Lionel Bonaventure / AFP
Ainsi, si départ de feu il y a, il se propage plus vite et devient plus difficile à éteindre ; c’est la raison pour laquelle il y a davantage d’incendies déclarés en été qu’en hiver. Et avec le réchauffement climatique, la situation va empirer. En France, dès 2030, les feux de forêt devraient augmenter de 13 à 22% d’après les projections de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE).
Ce sont aussi les conclusions d’une thèse publiée en 2019 par Hélène Fargeon de l’Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France : « Ces projections montrent une augmentation très importante du danger dans les zones déjà concernées par les incendies de forêt, en particulier la Méditerranée, avec un bon accord entre modèles climatiques », peut-on lire.
Ainsi, même si l’allumette reste humaine, le réchauffement climatique prépare le brasier. Un simple départ de feu peut se transformer en catastrophe. En témoigne l’incendie qui a ravagé près de 17 000 hectares de végétation dans l’Aude, au début du mois d’août. Une personne est décédée, et 23 autres ont été blessées.