Non, le JT de TF1 n’a pas confirmé l’existence des « chemtrails »
Auteur : Etienne Merle, journaliste
Relectrice : Clara Robert-Motta, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Clara Robert-Motta, journaliste
Source : Compte Facebook, le 18 juin 2025
Une vidéo virale prétend que le journal télévisé de TF1 aurait reconnu l’existence des « chemtrails », ces traînées prétendument chimiques laissées par les avions. C’est faux : la séquence originale, tronquée, dément précisément cette théorie conspirationniste.
La vérité éclate enfin ? Le 18 juin 2025, des extraits du JT de TF1 ont circulé sur les réseaux sociaux, présentés comme une validation officielle des thèses dites « chemtrails ». Selon cette croyance, les traînées blanches visibles derrière les avions seraient en réalité des substances chimiques volontairement répandues dans l’atmosphère dans le but d’abimer la santé de la population mondiale.
Dans la vidéo virale, on voit la présentatrice Anne-Claire Coudray évoquer une « paranoïa accréditée au plus haut sommet de l’État » à propos des traînées d’avion, puis une autre journaliste mentionner l’intervention du ministre étasunien de la Santé, Robert F. Kennedy Jr., affirmant vouloir mettre fin à ces prétendus épandages aériens, qu’il attribue à une agence militaire américaine. « Les chemtrails sont toxiques ! les complotistes avaient raison ! Même TF1 l’admet », se félicite une internaute.
Mais c’est inexact : la suite du reportage, coupée au montage dans la version virale, remet clairement en cause les propos de Robert Kennedy Jr. et rappelle qu’ils ne reposent sur aucun fondement scientifique.
Un phénomène bien connu de condensation
Pour s’en rendre compte, il faut retrouver le reportage originel du 20h de TF1, diffusé le 11 mai 2025, et toujours disponible sur le site de chaîne. Visionnée dans son intégralité, cette séquence visait précisément à démonter la théorie des chemtrails. Dans la version complète du journal, la journaliste explique que ces traînées sont un phénomène physique classique : à haute altitude, l’air est extrêmement froid.
Lorsqu’un avion traverse cette zone, il libère des gaz chauds et de la vapeur d’eau issus de la combustion du carburant. Le contact de cette vapeur avec l’air froid provoque une condensation qui forme des cristaux de glace visibles depuis le sol — les « contrails », ou traînées de condensation, comme le rappellent nos confrères de l’AFP.
Aucune preuve scientifique de l’existence de « chemtrails »
La théorie dite des chemtrails – pour chemical trails, soit « traînées chimiques » – est apparue aux États-Unis en 1996 et s’est largement diffusée dans les milieux conspirationnistes. Elle postule que les traînées blanches visibles derrière certains avions seraient en réalité des substances chimiques volontairement dispersées dans l’atmosphère, dans le but présumé de contrôler le climat, la population ou encore l’économie.
Mais, comme l’ont déjà raconté Les Surligneurs, cette hypothèse ne repose sur aucune preuve scientifique. Plusieurs travaux, menés par des spécialistes de l’atmosphère, ont établi que ces traînées observées dans le ciel sont des phénomènes naturels de condensation, dus à la présence de vapeur d’eau dans les gaz d’échappement des avions.
C’est ce qu’a notamment confirmé une étude publiée en 2016 dans une revue scientifique à comité de lecture, dirigée par Ken Caldeira, chercheur à la Carnegie Institution for Science. Avec deux collègues et un expert des théories du complot, il a soumis les arguments avancés par les partisans de la théorie des chemtrails à 77 scientifiques spécialistes des traînées de condensation.
Résultat : 76 d’entre eux ont affirmé qu’il n’existait aucune preuve de l’existence des chemtrails. Tous les éléments présentés comme « preuves » pouvaient être expliqués par des phénomènes bien connus, liés à la formation typique des traînées de condensation.