Les Surligneurs est un média indépendant qui lutte contre la désinformation juridique.

rubriques
(Domaine public - CC0 1.0 - Photo modifiée)

Non, la quasi-totalité des Français ne s’est pas prononcée contre l’aide à l’Ukraine

Création : 20 mars 2025

Auteur : Nicolas Turcev, journaliste

Relectrice : Maylis Ygrand, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste

Source : Compte Facebook, le 12 mars 2025

Une image qui circule sur les réseaux sociaux laisse entendre que 99 % des Français seraient contre le soutien européen à l’Ukraine. En réalité, les sondages montrent plutôt une approbation de la population en faveur de la participation à l’effort de guerre.

Les Français seraient-ils prêts à abandonner l’Ukraine en rase campagne ? C’est ce que laisse entendre une image qui circule sur les réseaux sociaux.

« L’Europe a-t-elle raison de continuer à soutenir Zelensky ? », est-il écrit sur une photo du président ukrainien. « Vous êtes plus de 99 % à dire non ! », affirme la publication, sans mentionner de source ni spécifier la composition de l’échantillon de personnes qui se seraient prononcées.

L’intitulé de la question posée par ce photomontage est exactement le même que celui d’un sondage mis en ligne par le journal Le Figaro le 24 février dernier. Mais il n’affiche pas le même résultat. Deux tiers des lecteurs du quotidien s’expriment en faveur du soutien européen à Volodymyr Zelensky. Le site de CNews a lui aussi posé la question à ses lecteurs, qui sont seulement 45 % à approuver l’aide financière de l’UE à l’Ukraine, à la date du 20 mars 2025.

Cependant, à l’inverse des sondages publiés par les instituts spécialisés, ceux qui sont menés sur un panel d’internautes non représentatif de la population n’ont pas de réelle valeur statistique. Tout au plus peuvent-ils, ici, refléter l’opinion majoritaire d’un lectorat.

La gauche plus favorable à l’aide à l’Ukraine que le RN

L’institut Ipsos a inclus la question sur le soutien à l’aide à l’Ukraine dans un sondage commandé par La Tribune Dimanche, paru le 22 février dernier. D’après l’étude, 66 % des Français estiment que le soutien européen à l’Ukraine doit continuer.

Plus précisément, les sondés devaient répondre à la question suivante : « Si le résultat des négociations que Donald Trump mène avec la Russie est inacceptable pour l’Ukraine et les pays européens, pensez-vous que les pays de l’Union européenne devraient continuer à soutenir l’Ukraine d’un point de vue financier et militaire, sans l’appui des États-Unis ? »

La part de « oui » est plus importante chez les sympathisants des Écologistes (89 %) et du Parti socialiste (85 %), et atteint son niveau le plus bas chez ceux du Rassemblement national (44 %) et de La France insoumise (63 %). Autrement dit, les Français sont dans l’ensemble franchement favorables à un soutien continu de l’Europe à l’effort de guerre ukrainien, contrairement à ce que suggèrent certains internautes.

En revanche, la population est divisée quant à l’hypothétique déploiement de soldats en Ukraine pour faire respecter un accord de paix avec la Russie. La moitié s’y dit favorable, l’autre non. Enfin, 75 % des Français trouvent « souhaitable » que l’Europe mette en place une défense européenne en cas de retrait des États-Unis de l’Otan.

Les négociations pour un cessez-le-feu ont commencé

Les positions sur l’échiquier diplomatique ukrainien ont toutefois bien évolué depuis la parution du sondage d’Ipsos. Le nuage noir du désengagement états-unien du conflit a été provisoirement chassé par l’accord trouvé entre Washington et Kyiv pour la mise en place d’un cessez-le-feu de trente jours, le 11 mars dernier. À la suite de quoi, l’administration Trump a engagé la reprise de l’aide financière et militaire à l’Ukraine, ainsi que le partage de renseignements, bloqués depuis une dizaine de jours.

Les négociations entre la Russie, les États-Unis et l’Ukraine pour s’accorder sur un plan de cessation des hostilités n’ont cessé de se poursuivre au plus haut niveau. Au lendemain de l’appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine, mardi 18 mars, le président états-unien a échangé avec son homologue ukrainien afin de définir les « prochaines étapes ». Les camps ukrainien et russe ne se sont pas encore entendus sur les modalités du cessez-le-feu.

Le conflit russo-ukrainien suscite la diffusion de nombreuses fausses nouvelles, que Les Surligneurs épinglent régulièrement. Récemment, des internautes ont largement surestimé le patrimoine du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, tandis que d’autres ont relayé de faux propos du secrétaire d’État américain Marco Rubio.