Non, la Chine n’a pas déclaré l’état d’urgence sanitaire face à la propagation d’un nouveau virus
Autrice : Jeanne Boyer, étudiante en journalisme à l’école W
Relectrice : Clara Robert-Motta, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Lili Pillot, journaliste
Source : Compte Instagram, le 2 janvier 2025
Selon plusieurs internautes, un état d’urgence sanitaire aurait été déclaré en Chine, face à une hausse des maladies respiratoires. Si une augmentation des contaminations a été enregistrée, elle reste dans les tendances saisonnières habituelles et la Chine n’a mis en place aucune mesure d’urgence.
Un Covid 2.0 presque cinq ans jour pour jour après le début de la pandémie de 2020 ? C’est ce que laissent entendre des publications vues des milliers de fois, sur Instagram, Facebook ou encore X. À l’appui de ces posts, on retrouve les mêmes vidéos montrant des files d’attente interminables dans les hôpitaux.
Pour certains internautes, cela pourrait être une résurgence du Covid-19 ou l’apparition d’une nouvelle épidémie. Pour d’autres, il s’agirait simplement d’un pic de différents virus. « La pandémie submerge les hôpitaux et les crématoriums. Plusieurs virus, dont la grippe A, le virus de la grippe aviaire, Mycoplasma pneumoniae et le COVID-19, se propagent rapidement en Chine », énumère par exemple un internaute sur Instagram.
Preuve ultime de la gravité de l’affaire, selon les internautes, la propagation de ces virus aurait conduit l’État chinois à déclarer l’état d’urgence sanitaire. Mais alors qu’en est-il ? Les Surligneurs font le point sur la situation sanitaire en Chine.
Un pic des contaminations normal pour la saison hivernale
D’après les informations fournies par le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies dans son rapport du 2 janvier 2025, auquel l’OMS a eu accès, une augmentation d’un certain nombre d’infections respiratoires dans le pays a été observée. Parmi ces infections respiratoires, on compte le virus de la grippe saisonnière, le VRS (virus respiratoire syncytial), le hMPV (métapneumovirus humain) et le SARS-CoV-2 (le virus qui cause le COVID-19). Ces informations correspondent à ce que l’on peut retrouver dans différents articles de presse qui ont signalé une hausse significative du métapneumovirus humain (hMPV).
Cependant, l’OMS, contactée par Les Surligneurs, précise que cette hausse n’est toutefois pas inquiétante : « Les niveaux d’infections respiratoires signalés en Chine se situent dans la fourchette habituelle pour la saison hivernale. Les autorités signalent que l’utilisation des hôpitaux est actuellement inférieure à ce qu’elle était l’année dernière à la même époque ».
L’augmentation des maladies respiratoires en l’hiver est un phénomène observé dans de nombreuses régions du monde, non spécifique à la Chine.
Dans le cas de la grippe, par exemple, le système mondial de surveillance de la grippe et d’intervention de l’OMS (GISRS) a recensé une hausse de ce virus dans l’hémisphère nord, actuellement en hiver.
Quant au métapneumovirus humain, qui a retenu l’attention médiatique, c’est un virus respiratoire, connu par les scientifiques depuis 2001, provoquant des symptômes similaires à la grippe. Généralement bénigne, cette maladie peut néanmoins entraîner des complications, telles que des pneumonies, notamment chez les personnes à risque : les nourrissons, les personnes âgées ou celles dont le système immunitaire est affaibli.
L’OMS indique aux Surligneurs qu’aucune mesure d’urgence sanitaire, y compris l’état d’urgence, n’a été mise en place par la Chine à ce jour.
Des doutes sur l’authenticité des images
Quant aux fameuses images utilisées pour prouver un afflux massif de patients dans les hôpitaux chinois, toutes ne sont pas authentiques. À l’aide d’une recherche Google image inversée, Les Surligneurs ont repéré que certaines photos utilisées par les internautes pour essayer de prouver l’urgence de la situation ne dataient pas de décembre 2024. C’est le cas de cette photo qui date en réalité du 5 janvier 2023. La Chine avait connu à ce moment-là une hausse des cas de Covid-19, suite à l’abandon de sa politique zéro-covid.
Pour le reste des images, difficile de les authentifier. Toutefois, comme le soulignent nos confrères de TF1, elles sont fortement similaires à des images qui avaient circulé en novembre 2023, lors d’une hausse des infections respiratoires chez les enfants en Chine.
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