Non, la chimiothérapie n’est pas une « arnaque »
Auteur : Nicolas Turcev, journaliste
Relecteur : Etienne Merle, journaliste
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Secrétariat de rédaction : Nicolas Turcev, journaliste
Source : Compte Twitter, le 15 novembre 2025
Dans une vidéo virale, le médecin états-unien Paul Marik affirme que la chimiothérapie serait inefficace pour guérir la plupart des cancers. De nombreuses études prouvent le contraire.
Gare aux conseils de santé lus sur les réseaux sociaux. Dans une vidéo virale partagée près de 1 000 fois sur X, le médecin états-unien Paul Marik affirme que la chimiothérapie est une « arnaque » et un « canular ».
« La chimiothérapie ne prolonge la vie que de deux à trois mois. Pour certains cancers, comme le cancer gastrique, elle réduit même l’espérance de vie. Dans certains cas de cancer, de 5 à 8 %, la chimiothérapie guérit réellement le cancer. Mais dans la vaste majorité des cas, pour les cancers les plus communs […] la performance de la chimiothérapie est épouvantable […] », prétend le praticien.
Mais ces affirmations sont démenties par de nombreuses études portant sur l’efficacité des chimiothérapies.
Une multitude de traitements
Pour rappel, la chimiothérapie désigne « les traitements médicamenteux ayant pour but la destruction des cellules cancéreuses », comme le rappelle sur son site le centre Gustave Roussy de lutte contre le cancer. Loin d’être un traitement unique appliqué indifféremment à tous les cancers, la chimiothérapie désigne un « principe de traitement » qui recouvre un grand nombre de médicaments et de méthodes d’administration.
Cette variété s’explique par la grande diversité des cancers : à ce jour, plus de 200 ont été identifiés par les chercheurs. Or, chaque type de cancer, en fonction de paramètres comme sa localisation ou son stade d’avancement, nécessite un traitement spécifique. La chimiothérapie est donc l’un des traitements utilisés dans la lutte contre le cancer, mais elle est souvent combinée à d’autres interventions, comme la radiothérapie ou la chirurgie.
C’est même une grande partie de son intérêt. En s’attaquant aux cellules cancéreuses, en les tuant ou en les empêchant de se reproduire, la chimiothérapie permet ou facilite la guérison via d’autres interventions. « Le traitement du cancer par chimiothérapie a transformé l’évolution de la maladie : d’un résultat terminal et catastrophique dans tous les cas, elle l’a rendu traitable et parfois guérissable », explique un trio d’oncologues états-uniens dans un article consacré à cette méthode.
Loin d’être une « arnaque », la chimiothérapie est donc bien l’une des principales modalités du parcours de soin des patients cancéreux. Elle est recommandée, dans les cas qui le nécessitent, par les institutions de santé comme la Haute autorité de santé, l’Académie nationale de médecine ou encore l’Organisation mondiale de la santé.
La chimiothérapie contribue à guérir des cancers répandus
Il est vrai que tous les cancers ne répondent pas de la même manière aux chimiothérapies. Certains d’entre eux peuvent être entièrement traités par cette méthode, comme le cancer des testicules au stade I ou la leucémie aiguë lymphoblastique. D’autres nécessitent d’affaiblir la tumeur avant de procéder à une intervention, comme la mastectomie pour le cancer du sein.
Pour autant, aucune étude ne conclut que la chimiothérapie ne guérit le cancer que dans 5 à 8 % des cas. Non seulement parce qu’une telle présentation ne reflète pas la grande complexité et la variété des traitements médicamenteux du cancer. Mais aussi parce que les études épidémiologiques tendent à démontrer une réelle efficacité de ces traitements.
D’après une étude anglaise portant sur plus d’un million de patients atteints de cancer, 52 % d’entre eux ont survécu cinq ans après leur diagnostic. Au sein de cette cohorte, 29 % des patients ont reçu une chimiothérapie. D’autres recherches corroborent l’efficacité des chimiothérapies dans le traitement de certains cancers parmi les plus répandus, comme le cancer de la prostate et le cancer du sein (1, 2, 3, 4), contrairement à ce que prétend Paul Marik.
Le clinicien, qui exerçait dans l’État de Virginie, aux États-Unis, diffuse régulièrement de fausses informations sur les sujets de santé. En 2024, l’American Board of Internal Medecine, l’institution chargée d’homologuer les médecins spécialistes outre-Atlantique, lui a retiré ses certifications pour avoir promu de mauvais traitements contre le covid-19.
En résumé, si les traitements par chimiothérapie peuvent provoquer certaines complications et diminuer la qualité de vie des patients (troubles de la fertilité, troubles cardiaques…), il n’est pour autant pas possible de les qualifier « d’arnaque » ou de « canular ».
