Crédit : Algeria Press Service (CC 3.0)

Non, Imane Khelif n’a pas perdu son titre olympique

Création : 27 septembre 2024

Autrice : Alexandra Maubec, L3 LLCER à la Sorbonne Nouvelle

Relectrice : Lili Pillot, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste

Source : Compte Facebook, le 25 septembre 2024

Sur les réseaux sociaux, des internautes affirment qu’Imane Khelif aurait perdu tous ses titres, sa prime olympique, ainsi que le droit de participer à de futures compétitions. La raison ? Elle aurait échoué à « un test de genre ». Une rumeur qui s’appuie sur des faits datés.

Les rumeurs sur Imane Khelif continuent de circuler. Lors des Jeux olympiques de 2024, l’athlète avait subi une vague de harcèlement sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes et figures médiatiques remettant en question son genre et sa légitimité à participer aux JO. Une plainte pour cyberharcèlement avait été déposée par son avocat en août.

Après la médiatisation de la polémique centrée sur son genre, la championne olympique est de retour dans l’actualité suite à son apparition au défilé de Bottega Veneta à Milan le 21 septembre dernier. Des internautes ont saisi cette opportunité pour continuer de faire circuler de la désinformation à son sujet.

Il est par exemple indiqué sur une publication Facebook que l’athlète échoue au test de genre, perd tous ses titres, reçoit une interdiction à vie et voit sa récompense de 25 millions de dollars révoquée !”. Afin d’avoir accès à “l’histoire complète”, les internautes sont invités à consulter un article du New York Times, qui s’avère en réalité être un article de Luxury Blog, qui semble reprendre l’adresse IP d’un magazine d’automobile.

Dans cet article, la rédactrice assure que la boxeuse ne pourra plus participer à de nouvelles compétitions sportives après avoir échoué à un “test de genre”. La décision aurait été prise par des autorités sportives. Cependant, aucune autorité sportive en particulier n’est citée, et l’article ne relaye aucune source.

Information datée

L’origine de cette rumeur se base sur une information datant de mars 2023, que nous avions surligné en août dernier. L’année dernière, Imane Khelif et Lin Yu-Ting, boxeuse taïwanaise, avaient été exclues du championnat de boxe de New Delhi, suite à une décision de l’International boxing agency (IBA). L’exclusion de ces deux athlètes se basait sur un test qui aurait, selon le président de l’IBA, révélé que les athlètes possédaient des chromosomes XY (attribués au sexe masculin).

Réintégrées à la compétition internationale lors des JO de 2024, elles avaient subi plusieurs vagues de harcèlement. En soutien, le Comité international olympique avait fini par prendre leur défense dans un communiqué : “Tous les athlètes participant au tournoi de boxe des Jeux olympiques de Paris 2024 respectent les règles d’admissibilité et d’inscription à la compétition, ainsi que toutes les règles médicales applicables fixées par l’Unité en charge de la boxe pour Paris 2024”.

Si Imane Khelif a donc déjà été exclue d’une compétition en 2023, cela ne s’est pas reproduit récemment. De plus, le test de féminité qu’elle avait effectué ne révélait pas qu’elle était un homme, contrairement à ce qu’affirment de nombreux internautes.

Comme nous l’avions indiqué dans notre article, le niveau de testostérone n’est pas forcément déterminant du sexe d’une personne : “Il est tout à fait possible d’avoir un fort taux de testostérone tout en ayant un caryotype XX [celui du sexe féminin, ndlr], nous indiquait la biologiste Joëlle Wiels. C’est le cas par exemple du syndrome des ovaires polykystiques ou encore de l’hyperplasie congénitale des surrénales”.

La médaille d’or n’a donc pas été enlevée à la championne olympique. Cette dernière reste reine de la boxe dans la catégorie des moins de 66 kg.

 

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