Non, il ne sera pas obligatoire de déclarer les cadeaux de Noël dès 2026
Auteur : Guillaume baticle, journaliste, doctorant en droit public à l’Université de Poitiers
Relecteur : Jean-Paul Markus, professeur de droit public à l’Université Paris-Saclay
Etienne Merle, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Etienne Merle, journaliste
Source : Publication Facebook, 7 décembre 2025
Les cadeaux « raisonnables » offerts pour les fêtes, les anniversaires ou les mariages ne sont pas concernés par l’impôt sur les successions et ne le seront pas davantage l’an prochain. La rumeur repose sur une évolution technique concernant la déclaration de certaines donations avant succession importantes, déjà soumises à déclaration aujourd’hui.
Va-t-on devoir déclarer les cadeaux reçus à Noël à partir de 2026 ? C’est ce qu’affirme une publication partagée sur les réseaux sociaux. En réalité, les cadeaux de Noël « raisonnables » n’ont jamais eu à être déclarés, et cela ne changera pas.
La confusion vient d’une évolution qui entre bien en vigueur au 1ᵉʳ janvier 2026, mais qui concerne certaines donations importantes, déjà soumises à une obligation de déclaration, et non les cadeaux échangés dans le cadre familial.
Rien de nouveau sous le sapin
En réalité, il faut déjà déclarer certains dons au sens fiscal du terme, c’est-à-dire des donations ou des dons manuels importants entre parents ou grands-parents et enfants, le but étant d’éviter que l’impôt sur les successions soit contourné par des donations avant le décès.
La donation n’est donc pas interdite, mais elle doit être déclarée afin que l’administration fiscale en tienne compte lors de l’ouverture de la succession, c’est-à-dire au moment du décès du donateur. Le donataire acquitte alors les droits de succession non seulement sur l’héritage reçu à cette date, mais aussi sur la donation antérieure, qui constitue en quelque sorte une avance sur héritage. Mais cela ne concerne en rien les cadeaux reçus dans la vie courante.
La nouveauté, c’est qu’un décret du 17 novembre 2025 rend simplement obligatoire la déclaration en ligne de ces dons déjà soumis à déclaration, pour les personnes concernées. D’ailleurs, le décret le rappelle dès sa première ligne : « Publics concernés : donataires, ou leurs représentants, soumis à une obligation de déclaration de dons manuels ou de sommes d’argent. »
Le ministère de l’Économie précise, dans un communiqué de presse, qu’« en octobre 2025, plus de 69 % des déclarations de dons étaient déjà déposées en ligne ». Toutefois, il sera encore possible de le faire via un formulaire papier, déposé auprès du centre des finances publiques, pour les personnes n’ayant pas accès à internet ou ne pouvant effectuer leurs démarches en ligne, comme l’indique l’article 3 du décret.
Encore faut-il savoir quels dons sont réellement concernés par cette obligation de déclaration.
Des cadeaux de Noël concernés ?
Les cadeaux offerts dans le cadre des fêtes de fin d’année peuvent, dans de nombreux cas, y échapper : c’est ce que l’on appelle les « présents d’usage ».
Pour les identifier, l’administration fiscale donne deux conditions. Ils doivent être offerts « pour une occasion particulière », comme les anniversaires, les fêtes religieuses, les mariages, etc. Et ces cadeaux doivent être raisonnables (autrement dit proportionnés) compte tenu de la personne bénéficiaire, de l’occasion et des revenus et du patrimoine du donateur.
Pour lever toute ambiguïté, le gouvernement donne deux exemples parlants : « Un chèque de 200 euros offert par mon oncle » n’a pas à être déclaré, tandis qu’« une donation de 10 000 euros consentie par mes grands-parents » doit, elle, faire l’objet d’une déclaration.
Déclarables mais pas toujours imposables
Déclarer un don, aussi généreux soit-il, ne signifie pas automatiquement payer un impôt. Des abattements fiscaux importants s’appliquent en fonction du lien de parenté entre le donateur et le bénéficiaire. Ainsi, des parents peuvent offrir jusqu’à 100 000 euros tous les quinze ans à chacun de leurs enfants sans que cette somme ne soit imposable (s’ils ne meurent pas dans le lapse de temps…).
Selon l’administration fiscale, en 2024, seuls 1,7 % des dons déclarés ont effectivement donné lieu à une imposition. Autrement dit : déclaration ne rime pas avec taxation, et le décret applicable en 2026 ne change rien aux règles de fond : il ne modifie ni les seuils, ni les exonérations existantes.
