Depuis quelques jours, une photographie d’une pièce inondée, livres éparpillés au sol, provoque l’indignation en ligne. « Nouvel incident au Louvre : une fuite d’eau submerge la bibliothèque des antiquités égyptiennes. Plus de 400 ouvrages et papyrus précieux touchés, certains âgés de près de 4 000 ans… », alerte un internaute qui accuse la direction du musée d’inaction : « Les équipes du musée avaient pourtant alerté la direction depuis des mois, sans réaction ».

Quelques semaines après un cambriolage spectaculaire qui avait déjà mis en lumière des failles de sécurité au sein de l’un des musées les plus célèbres du monde, c’est à présent la vétusté de certains espaces qui est dénoncée. 

Mais si une fuite a endommagé une salle du Louvre et plusieurs ouvrages de recherche, l’image relayée par les internautes ne montre rien de tout cela : elle a été entièrement générée par l’intelligence artificielle Grok. Rembobinons.

Une fuite d’eau bien réelle

Une fuite d’eau s’est bien produite au Louvre le 26 novembre 2025, dans la bibliothèque des antiquités égyptiennes, un espace de travail pour chercheurs situé dans l’aile Mollien et fermé au public. Une information révélée par la Tribune de l’art. En cause ? L’ouverture accidentelle d’une vanne d’un réseau hydraulique vétuste, dont le remplacement est prévu à partir de septembre 2026.

Selon Francis Steinbock, administrateur général adjoint du musée, « entre 300 et 400 » ouvrages ont été touchés. Il s’agit de revues d’égyptologie et de documentation scientifique datant majoritairement de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. 

« Aucun ouvrage patrimonial n’est concerné par ce dégât », a-t-il précisé à nos confrères de l’AFP, cités par le Huffingtonpost, assurant qu’ il n’y a « pas de pertes irrémédiables et définitives sur ces collections ». Selon lui, les documents touchés sont « extrêmement utiles et très consultés », mais « pas du tout uniques au monde ». 

Et une fausse image

L’image qui circule sur les réseaux sociaux, en revanche, ne correspond en rien à cette réalité. Le document censé montrer l’état de la salle après la fuite présente plusieurs anomalies visibles à l’œil nu. Le filigrane « Grok », présent en bas à droite, indique qu’elle provient de l’outil d’intelligence artificielle du réseau d’Elon Musk, X (anciennement Twitter).

Les déformations des livres, l’architecture improbable et la disposition d’éclairages incohérents trahissent une génération avec l’aide d’un outil d’intelligence artificielle.

Comme l’ont montré nos confrères de l’AFP, qui obtiennent un score de 99,6 % avec Hive Moderation, un outil spécialisé dans la détection d’images générées par IA, l’image présente toutes les caractéristiques d’un contenu artificiel. 

Nos propres vérifications avec le même outil aboutissent à un résultat très proche, à 99,2 %, ce qui confirme que la photo ne provient pas d’une scène réelle.

Légende : l’outil de détection d’intelligence artificielle, Hive Moderation, estime à 99,2% de chance que la photo soit générée par IA. Capture d’écran Les Surligneurs

Le service de presse du Louvre a également confirmé auprès de nos confrères de l’AFP: la salle représentée n’existe tout simplement pas dans le musée.

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