Crédit : Oleksandr Pyrohov

Non, cette nouvelle station de ski ukrainienne n’a pas été financée par l’UE

Création : 7 novembre 2024

Autrice : Lili Pillot, journaliste

Relecteurs : Etienne Merle, journaliste

Clara Robert-Motta, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste

Source : Compte Facebook, le 4 novembre 2024

Une rumeur circule sur les réseaux sociaux affirmant qu’une future station de ski en Ukraine a été financée à hauteur de 1,5 milliard de dollars par l’Union européenne. Si la construction du site a bien coûté cette somme, elle a été entièrement financée par un fonds privé qui ne reçoit, jusqu’à preuve du contraire, pas d’argent public de l’État ukrainien.

“Voilà le magnifique projet de l’Ukraine, construire une station de ski avec votre pognon”, s’insurge une internaute sur Facebook. Selon elle et d’autres utilisateurs sur les réseaux sociaux, les 1,5 milliard d’euros que l’Union européenne, avec la participation de la France, a versés à l’Ukraine n’auraient pas servi à soutenir l’effort de guerre… mais à financer une station de sports d’hiver dans le pays en guerre avec la Russie.

Interrogée par Les Surligneurs sur sa source, l’internaute répond qu’elle a appris la nouvelle du début des travaux sur le compte X d’une chaîne de télévision. “LCI souligne que ce sont des fonds privés. Mais nous savons tous que les sociétés écrans sont là pour détourner l’argent des contribuables”, assure-t-elle par message sans pour autant apporter de preuves à ses allégations.

La station en question, baptisée GORO Mountain Resort, a effectivement commencé à être construite près des villages de Volosyanka et de Verkhnya Rozhanka, à l’ouest de l’Ukraine. Mais rien ne permet d’affirmer que les fonds privés investis proviennent bel et bien d’argent public détourné. Au contraire, les indices récoltés par Les Surligneurs portent à croire que l’UE n’est pas impliquée dans ce financement.

Des agences de crédit autrichiennes, italiennes et françaises

Les travaux de la future station de ski, qui prévoit de s’étendre sur 1 200 hectares et de proposer 41 pistes skiables, ont démarré fin octobre 2024, comme l’explique un communiqué de presse du groupe d’entreprises ukrainiennes OKKO en charge de la construction du site.

Le document précise également l’origine des fonds qui permettent de financer la station de ski, dont le coût total est estimé à 1,5 milliard de dollars. “Sur ce montant, le groupe OKKO prévoit d’investir 500 millions de dollars provenant de ses fonds propres et de ses fonds de crédit, et un autre milliard de dollars sera levé auprès d’autres investisseurs.”

Dans un article de Forbes Ukraine, le PDG d’OKKO, Vasyl Danylyak, dévoile l’identité de ces autres investisseurs. “Nous avons déjà signé un accord sur les premiers prêts avec la FUIB [Première banque internationale ukrainienne, NDLR] et nous négocions avec des agences de crédit à l’exportation en Autriche, en Italie et en France.”

L’encadrement des fonds alloués par l’Union européenne

Ces dernières sont des entreprises privées et ne sont pas rattachées à l’Union européenne. En d’autres termes, et jusqu’à preuve du contraire, rien ne permet d’affirmer que l’argent public européen ait pu servir à financer ce projet.

Contactée, la Commission européenne précise que le versement des fonds qu’elle alloue à l’Ukraine — les eurodéputés ont récemment voté pour une aide de 35 milliards d’euros pour le pays — ne s’effectue qu’après vérification de la mise en œuvre des réformes convenues au préalable”.

Elle ajoute que le plan d’aide à l’Ukraine, Ukraine Facility, prévoit des mécanismes de contrôle pour éviter la fraude et la corruption.

Un troisième levier permet de s’assurer que les fonds européens ne seront pas détournés. “Un comité d’audit indépendant — l’Audit Board — a été créé pour aider la Commission à prévenir la mauvaise gestion des fonds de l’Union au titre de l’instrument.”

Indépendamment de ces précisions, la question de la pertinence d’un tel projet alors que le pays fait face à la guerre peut se poser, comme le soulignent certains internautes.

Mais, selon Vasyl Danylyak, le PDG d’OKKO, la nouvelle station s’inscrit dans un objectif de reconstruire l’économie du pays, explique-t-il dans le communiqué. “Il s’agit d’investissements stratégiques pour le redressement et l’avenir de l’Ukraine. Nous voyons les perspectives, même malgré les défis de la guerre, et comprenons l’importance de projets aussi ambitieux pour le développement social et économique de la région de Lviv.”

 

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