Crédit : Gerd Altmann

Meurtre de Philippine : une élue écologiste harcelée et accusée à tort de… tensions à une manifestation ?

Création : 8 octobre 2024

Autrice : Clara Robert-Motta, journaliste

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste

Source : Compte Facebook, le 30 septembre 2024

Une conseillère régionale écologiste a été harcelée après avoir été identifiée à tort comme faisant partie d’un groupe de personnes qui avaient “perturbé” une manifestation “en hommage à Philippine”, une jeune femme tuée dans le bois de Boulogne.

Si aucun cyberharcèlement n’est jamais justifié, il est d’autant plus consternant quand il trouve sa source dans une fausse information. C’est ce qui s’est passé, cette semaine, pour une élue régionale Auvergne-Rhône-Alpes.

Ce samedi 28 septembre, une manifestation “en hommage à Philippine” était organisée à Vienne, en Isère, à l’initiative de la députée du groupe UDR (le parti d’Éric Ciotti), Hanane Mansouri. Des tensions ont émaillé la manifestation, qui avait rassemblé une trentaine de personnes, selon les vidéos publiées sur les réseaux sociaux.

D’après une vidéo publiée sur X par Hanane Mansouri, des personnes ont chanté un hymne antifasciste (“siamo tutti antifascisti”) pendant la minute de silence en mémoire de Philippine entamée par les manifestants du rassemblement. “Notre minute de silence en hommage à Philippine à Vienne a été interrompue par l’extrême gauche”, écrit la députée de l’Isère.

Diffusion des images et harcèlement en ligne

Des photos et vidéos de ce passage ont été diffusées sur les réseaux sociaux et partagées sur des médias nationaux et locaux. Cette séquence a indigné de nombreux internautes, dont certains ont voulu identifier les personnes de “l’extrême gauche” responsables selon eux d’une “inhumanité crasse”. Des listes de noms ont circulé, et les personnes concernées ont dénoncé un violent harcèlement en ligne.

Des données personnelles ont été divulguées, et des injures et menaces de mort ont été proférées à l’encontre des personnes. Plusieurs plaintes ont été déposées, rend compte Le Dauphiné Libéré.

Damien Rieu et ses 277 000 abonnés

Parmi les noms dévoilés, une élue écologiste, Zerrin Bataray, a été particulièrement ciblée après qu’un tweet de Damien Rieu, candidat Reconquête aux dernières élections européennes, l’ai personnellement visée. Dans celui-ci, le militant identitaire, aux 277 000 abonnés sur X, tague l’élue et suggère qu’elle serait la femme présente sur une des photos de l’événement.

Si d’autres personnes ont été correctement identifiées et ne s’en sont pas cachées, comme ce militant de gauche sur X, ce n’est pas le cas de Zerrin Bataray. La conseillère régionale d’Auvergne-Rhône-Alpes a rapidement contredit cette version, précisant qu’elle n’était pas présente à la manifestation. La personne identifiée sur les photos n’est pas Zerrin Bataray.

Elle a dénoncé avoir reçu des “centaines d’injures, des menaces de mort, des appels aux crimes sur [s]es enfants et [elle]-même”. “Ce déferlement de haine est orchestré par l’extrême droite”, juge Zerrin Baratay sur X.

Contacté par Les Surligneurs, Damien Rieu a reconnu son erreur : « J’ai fait un rectificatif dès que j’ai eu connaissance que ce n’était pas elle via son tweet ». Pour autant cette information a continué à circuler sur les réseaux sociaux. Zerrin Bataray a, elle aussi, annoncé avoir porté plainte. “Celles et ceux qui instrumentalisent le meurtre de #Philippine, restent bien taisant quand il s’agit d’éviter que le pire puisse arriver à une femme”, écrit aussi la conseillère régionale.

En hommage à Philippine ou contre les “francocides” ?

D’autres personnes ont été correctement identifiées comme un militant insoumis qui dénonce une désinformation. D’après le groupe écologiste de Savoie, le rassemblement d’Hanane Mansouri a été organisé “sous le slogan cynique ‘Stop au massacre des Français’”. Dans un tweet, le rassemblement du 28 septembre dernier à Vienne est en effet présenté parmi les “manifestations Stop au massacre des Français”. Le groupe accuse les organisateurs d’avoir “instrumentalisé le meurtre tragique de Philippine pour diffuser la haine et attiser la xénophobie”.

Contactée, la principale organisatrice de l’événement n’a, pour le moment, pas répondu à notre sollicitation. Sur X, la députée, élue sous la bannière LR-RN, annonçait vouloir “honorer la mémoire de Philippine, violée et assassinée par un multirécidiviste en situation irrégulière”. Le suspect de ce drame avait déjà été condamné pour viol en 2021 puis libéré en juin 2024. Au moment de son arrestation, il était ciblé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Plusieurs responsables politiques s’étaient emparés du sujet pour dénoncer des manquements dans la chaîne judiciaire.

 

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