Les vacances des “Surligneurs”
Dernière modification : 8 septembre 2022
Vincent Couronne, directeur de la publication, co-fondateur
Les Surligneurs prennent enfin quelques vacances. On vous aime énormément, vous êtes chaque année plus nombreux à nous lire, ce qui nous oblige toujours plus. Mais nous avons besoin d’un peu de vacances. Certes, vous me direz, les presque 200 bénévoles qui ont fait vivre Les Surligneurs cette année ne sont pas soumis au Code du travail et n’ont donc pas à prétendre à des congés. Mais en lecteurs bienveillants vous nous accorderez un peu de répit après cette double campagne électorale. Et en lecteurs exigeants vous ne tolérerez pas que par surmenage nous dégradions la qualité de nos publications.
Car des erreurs, nous en avons fait cette année. Malgré toute l’attention portée à chaque article, relu par plusieurs chercheurs en droit, malgré un processus rigoureux dicté par notre charte éthique et déontologique, le Code des principes de l’International Fact-Checking Network (IFCN) et les principes de la Journalism Trust Initiative de Reporter Sans Frontières, malgré toutes ces précautions, il a pu nous arriver de nous tromper. De petites coquilles sur un taux d’inflation ou sur le terme exact d’une fonction (on dit « juge aux affaires familiales »), à des erreurs juridiques plus sérieuses, votre vigilance nous permet de nous améliorer et de faire en sorte que l’information publiée soit la plus irréprochable possible. C’est ce qui fait qu’aux Surligneurs, bénévoles et lecteurs participent tous ensemble à un projet d’intérêt général.
Comme le dit l’artiste Daniel Buren, « il faut sérieusement douter ». Et des doutes, nous en avons aussi. En bons chercheurs, nous ne trouvons jamais le repos de la certitude. Faut-il publier des articles aussi pour dire quand un propos est vrai ? De la même manière que nous sommes passés en quelques années du manichéen FAUX ou IMPOSSIBLE à une variété infinie de nuances, nous nous demandons parfois si ne s’attaquer qu’aux propos qui posent problème d’un point du vue du droit ne donne pas une vision trop déplorable du personnel politique, alors que ce qu’il faudrait se dire, c’est que tout ce que nous ne surlignons pas dans le discours politique est a priori juste.
Parlons-en, justement, des personnalités politiques. Nous ne surlignons quasiment qu’elles car elles sont élues ou appellent à l’être, ce qui en fait des cibles particulières étant donné que c’est le politique qui fait le droit. Mais la désinformation peut être aussi massivement relayée sur les réseaux sociaux par de simples citoyens. Faut-il alors, aussi, les surligner ?
Au-delà de ces doutes, nous savons aujourd’hui que la désinformation cause des dégâts de long terme, affaiblit les institutions démocratiques et prépare même parfois le terrain pour la guerre, comme en Ukraine. Ce que nous savons aussi, c’est que si mentir est aussi vieux que l’humanité, la désinformation telle qu’on la connaît aujourd’hui est d’une viralité sans précédant, et qu’elle est intolérable dans nos – relativement – jeunes démocraties, où la propagande n’a plus sa place, où le citoyen vote, donc doit accéder à une information transparente et fiable si on veut qu’il soit véritablement libre.
Cet engagement, avec ses doutes, vous pouvez les partager avec nous pour nous aider à y voir plus clair dans ce monde en « polycrise » pour reprendre, notamment, Mireille Delmas-Marty, en faisant un don à l’association.
À la rentrée de septembre, nous serons toujours là, pour la sixième année. Quand j’ai co-fondé Les Surligneurs, je me disais que jamais des bénévoles pourraient s’engager aussi longtemps, mais nous sommes toujours là. C’est aussi grâce à votre présence et à vos dons, chers lecteurs, que nous espérons encore plus nombreux.
Rendez-vous en septembre !
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