Les cours de musique n’ont pas été annulés à Hambourg pour avoir enfreint l’islam
Auteur : Nicolas Kirilowits, journaliste
Relecteur : Nicolas Turcev, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Nicolas Turcev, journaliste
Source : Compte Facebook, le 30 septembre 2025
L’allégation relayée sur les réseaux sociaux extrapole largement les informations d’un reportage réalisé par un média allemand. Si celui-ci évoque bien des incidents impliquant des élèves musulmans, aucun cours de musique n’a été annulé en conséquence, d’après les informations récoltées par Les Surligneurs.
Un peu plus d’un mois après leur rentrée, les élèves de la ville de Hambourg ont-ils déjà « des trous » dans leur agenda ? Oui, si l’on en croit les informations d’une publication Facebook. « À Hambourg, les cours de musique (chant, piano, guitare) ne sont plus autorisés dans les écoles publiques, car la musique est ‘haram’ [interdit, ndlr] dans l’islam », nous apprend-elle, avant d’expliquer que de maintenir de tels cours « serait considéré comme de l’islamophobie ».
Le sujet, on le devine, est inflammable. Il se révèle surtout mensonger. Reprise également sur d’autres plateformes, comme X, l’infox est appuyée par une vidéo dans laquelle on voit un journaliste évoquer cette problématique.
Or, comme la traduction proposée par la publication Facebook l’indique, le journaliste ne mentionne jamais de cours interdits ou annulés pour quelques motifs religieux. Il y est fait état en revanche de « cas isolés », d’« agressions », de « discriminations », ou d’élèves musulmans qui ne « participeraient pas au cours de musique, car celui-ci serait haram ».
L’entièreté de la séquence, avec le reportage qui suit, est consultable sur le site du média allemand Welt. Comme l’ont confirmé plusieurs sources germanophones aux Surligneurs, la vidéo mentionne bien, elle aussi, des incidents impliquant des élèves musulmans dans certaines écoles hambourgeoises. Toutefois, il n’est jamais évoqué « d’interdiction des cours de musique », nous précise Thérèse Clerc, la présidente de l’Association pour le développement de l’enseignement de l’allemand en France.
Des incidents rapportés
Aussi, sans que cela soit précisé par les publications, ces faits, repris par d’autres médias allemands (lien 1, lien 2), remontent au mois de juin et non au mois de septembre, date à laquelle les allégations mensongères ont été publiées.
C’est également au mois de juin que l’élue socialiste de la ville de Hambourg, Ksenija Bekeris, chargée de l’éducation, a réuni l’ensemble des représentants des différents cultes locaux pour la signature d’une déclaration commune.
Celle-ci indique que « dans les crèches et les écoles de Hambourg, il n’y a pas de place pour les agressions ou les discriminations, quelle qu’en soit la forme […]. Toutes les communautés religieuses concernées s’opposent clairement à la discrimination et à l’extrémisme, quelle qu’en soit l’origine. » Cette déclaration a été notamment paraphée par Özlem Nas, la représentante du culte musulman qui a repris l’information sur son compte Instagram.
Concernant les allégations postées sur les réseaux sociaux, Ksenija Bekeris indique aux Surligneurs qu’elle « dément clairement de telles rumeurs ». « Les cours de musique continuent d’avoir lieu comme le prévoit le programme. », abonde-t-elle.
Des précisions confirmées aux Surligneurs par l’un de ses opposants politique local, élu de la CDU – la droite allemande –, Sandro Kappe. Toutefois, contrairement à Ksenija Bekeris, ce dernier assure que « des élèves musulmans n’ont pas participé à des cours de musique pour des raisons religieuses ». Il rapporte également « des discriminations vécues par des élèves parce qu’ils ne jeûnaient pas pendant le ramadan ».
Les deux élus locaux sont cités dans le reportage de Welt.
En tout état de cause, si la presse et des élus ont bien rapporté l’existence de tensions dans des écoles de la ville de Hambourg, rien ne permet d’affirmer que des cours de musique ont été interdits « dans les écoles publiques, car la musique est ‘haram’ dans l’islam », tel qu’évoqué sur les réseaux sociaux.