Les Surligneurs est un média indépendant qui lutte contre la désinformation juridique.

rubriques
Donald Trump. Photo : Gage Skidmore. https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/. Filtre jaune. CC BY-SA 2.0

Les banques états-uniennes peuvent bien opérer au Canada, contrairement à ce qu’affirme Donald Trump

Création : 23 mai 2025

Auteur : Nicolas Turcev, journaliste

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Etienne Merle, journaliste

Source : Donald Trump, le 4 mars 2025

Une affirmation du président républicain prononcée en mars 2025 continue de circuler sur les réseaux sociaux, malgré son caractère erroné.

Les banques états-uniennes seraient-elles boudées par le voisin canadien ? C’est ce qu’affirme régulièrement le président républicain Donald Trump, qui se plaint, sur son réseau TruthSocial, que les établissements états-uniens ne peuvent pas développer leur activité au nord du 49e parallèle.

Pourtant, les banques du pays de l’oncle Sam opèrent bien au Canada, comme l’a rappelé, le 3 février 2025, sur X, la Canadian Bankers Association : « Il existe 16 filiales et branches de banques états-uniennes détenant 113 milliards de dollars canadiens [72,2 milliards d’euros, ndlr] d’actifs qui ont actuellement une activité au Canada », écrit l’organisme qui représente les banquiers du pays à la feuille d’érable.

Comme l’a rappelé, là aussi sur X, repris par CNN, l’ancien conseiller économique de l’ex-Premier ministre canadien Justin Trudeau, quelques-unes des plus grosses structures financières états-uniennes ont une antenne canadienne, tels que Wells Fargo, US Bank ou encore JPMorgan, comme il est possible de le vérifier sur leurs sites officiels respectifs.

Les registres du gouvernement canadien montrent aussi que ces banques sont officiellement enregistrées auprès des services de l’État (ici et ici).

Des restrictions pour protéger le secteur financier

Alors pourquoi Donald Trump s’en prend-il au secteur financier canadien ? Ces déclarations s’inscrivaient dans le cadre des tensions commerciales récurrentes entre les deux voisins, crispés par la question des droits de douane. Le président républicain ne cache pas son envie de faire du Canada le 51e État états-unien pour abattre les barrières économiques qui, selon lui, plombent les relations commerciales entre les deux pays, très interdépendants.

De ce point de vue, le secteur bancaire canadien fait effectivement office de bastion difficile à assiéger. Les banques étrangères qui souhaitent s’installer dans le pays du Commonwealth sont soumises à une série de restrictions – comme l’obligation d’installer une filiale ou de passer par un entremetteur local – qui limitent radicalement la possibilité de concurrencer les établissements domestiques sur leurs terres.

Pour plusieurs observateurs (ici, ou ici), le modèle protectionniste du secteur bancaire canadien a permis d’amoindrir le choc de la crise de 2008, venue du sud, sur ses institutions financières.

Par ailleurs, bien que les conditions d’accès au marché bancaire états-unien soient plus permissives, il semble exagéré de déclarer que les banques canadiennes « inondent le marché » états-unien. D’après la Canadian Bankers Association, les six plus gros prêteurs canadiens détiennent moins de 3,5 % des actifs des banques états-uniennes. En résumé, Donald Trump a tout faux – une fois de plus.