Lecture : Perles de garde à vue, par Julien Fresnault, Enrick B Editions, 2023
Auteur : Jean-Paul Markus, professeur de droit public, Université Paris-Saclay
Secrétariat de rédaction : Loïc Héreng
Un avocat pénaliste nous livre un florilège de répliques entendues lors des auditions entre gardés à vue et leurs gardiens, ou entre juges et prévenus, et issus des procès-verbaux. Drôle, cru, et parfois pathétique. Sentiments mélangés garantis.
Perles de garde à vue, par Julien Fresnault, Enrick B Editions, 2023
Quand un avocat pénaliste nous livre quelques bribes d’auditions issus des échanges entre gardés à vue et leurs gardiens, ou entre juges et prévenus… La tension liée à ces auditions trouve parfois un exutoire dans l’humour, à moins que le gardé à vue ou le prévenu n’aient totalement perdu le contrôle. Le sous-titre de cet ouvrage est parlant : “Alibis tordus et excuses improbables : les pires réponses données aux policiers”.
La sensation est parfois celle de lire un recueil d’histoires drôles, avec ce gardé à vue qui se défend : “au vu de la faible qualité des faux billets saisis, il serait plus opportun de les qualifier de billets de Monopoly que de faux billets”. À cela près qu’il s’agit de vies humaines dont certaines paraissent cassées : “si je suis coupable de quelque chose je suis coupable de l’avoir aimée”, avec son lot de détraqués : “de base je ne suis pas quelqu’un qui a des rapports sexuels avec son chien, pour moi mes chiens ce sont comme des enfants et on ne touche pas les enfants”.
En rassemblant tous ces extraits de procès-verbaux d’auditions, Julien Fresnault, de son propre aveu, n’espère pas seulement nous faire rire, mais aussi nous amener à réfléchir. Lorsque, à la question “ça vous apporte quoi de consommer de l’alcool ?”, le gardé à vue répond “ça m’apporte que des problèmes”, on ne sait plus s’il faut rire ou méditer. Idem lorsqu’à la question “à quelle fréquence vous voyez-vous (avec votre concubin) ?”, la réponse fuse : “Rarement, soit je suis au travail, soit il est en prison”. Le cynisme de certains laisse aussi pantois : “le coup de pied n’était pas d’une extrême violence, si ma sœur a les jambes en carton c’est pas ma faute”…
Ces échanges sont rapportés tels quels, avec leur syntaxe et leur grossièreté parfois. Aux provocations très crues envers les policiers répondent les taquineries de ces derniers, des questions faussement naïves. Manière de décompresser pour les protagonistes, et aussi pour le lecteur.
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