Un livre décalé, décapant, qui se lit avec délectation. Le titre n’a rien de figuré : c’est bien un procès du père Noël que Raphaël Costa imagine et relate par le menu, de l’arrestation lors de son passage en France, jusqu’au verdict qui réserve une surprise (on est bien dans le registre de Noël, c’est bientôt de saison), en passant par le réquisitoire et la plaidoirie.

Les chefs d’inculpation dont l’accusé aura à répondre devant un jury sont graves au point pour certains de relever du crime, comme le travail forcé des lutins. Le père Noël est également accusé de cruauté envers les animaux (les rennes), de contrefaçon de jouets (les lutins qui fabriquent les LEGO® ont-ils une licence ?), de créer des fichiers illégaux des enfants sages, de livrer certains jouets dangereux, etc. 

Ses antécédents sont épluchés, des témoins appelés à la barre. Certains sont à décharge – la mère Noël, Karl Lagerfeld. D’autres témoignent à charge – un lutin probablement syndiqué, des ex-enfants traumatisés, ou encore un renne. Autant de prête-noms pour un auteur qui lui-même semble avoir mal vécu sa grande désillusion vers sept ans, au point de dénoncer une fois adulte les travers du mythe probablement le plus célèbre au monde, du moins le monde occidental.

Pure farce juridique ou essai politique voire sociologique ? Au détour d’une page, tout au long du livre, on s’arrête pour méditer, comme face à ce facteur qui déprime de constater qu’on n’écrit plus au père Noël : on lui envoie un message électronique. Et puis il y a cet ex-croyant : “à 6 ans c’est parfaitement logique de croire au père Noël, puisqu’on ne nous donne que des fake news”. Le père Noël, un complot ?

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