Laurent Wauquiez sur la clause « Molière » dans les contrats de marchés publics : « J’assume de dire que tout travailleur sur un chantier en France doit parler français »

Création : 15 mars 2017
Dernière modification : 17 juin 2022

Auteur : Vincent Couronne

Source : Le Dauphiné, 9 février 2017

Dans la mesure éventuelle où la sécurité des travailleurs sur les chantiers pourrait être admise pour les obliger à parler français, encore faut-il que cette obligation soit proportionnée à l’objectif poursuivi (la sécurité), ce qui est bien moins certain.

Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, n’est pas le seul à vouloir imposer que les contrats de marchés publics contiennent une clause obligeant les travailleurs sur les chantiers à parler français, ce qu’il est devenu commun d’appeler « clause Molière ». La légalité d’une telle proposition est douteuse, mais pas exclue. Sa mise en œuvre et les déclarations à l’emporte-pièce en sa faveur doivent cependant être sérieusement modérées.

Nous sommes ici dans le domaine des marchés publics, et la Cour de justice de l’UE aussi bien que le Conseil constitutionnel ont gravé dans le marbre le principe de non discrimination dans les marchés publics, notamment en raison de la nationalité. Indirectement, la langue peut constituer une discrimination sur la nationalité, ce qui est aisément compréhensible.

Or, une discrimination indirecte qui entrave la libre prestation de services au sein de l’Union peut être justifiée par des motifs d’intérêt général, si tant est que la discrimination est proportionnée à ce motif. Les tenants de la clause « Molière » invoquent la sécurité sur les chantiers. Ce motif pourrait éventuellement être reconnu d’intérêt général. Mais l’obligation de parler français pour « tout travailleur sur un chantier » pourrait être disproportionnée.

Des questionnements sur le processus d’attribution d’un marché public remettent aussi sérieusement en question la possibilité d’introduire une « clause Molière ».

 

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