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Une femme présente un plat d'attiéké aux escargots et à la banane, le 11 septembre 2016 à Abidjan, lors de la 9e édition du Festival des Grillades d'Abidjan. Photo de Sia Kambou : AFP

L’attiéké, une semoule ivoirienne, ne sera pas interdite en France

Création : 6 octobre 2025

Auteur : Nicolas Turcev, journaliste

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Nicolas Turcev, journaliste Posts évaluables :

Source : Compte TikTok, le 26 août 2025

La fausse information provient d’un compte TikTok « parodique » qui publie régulièrement des actualités sans fondements.

Bruno Retailleau compterait-il décliner sa politique anti-immigration jusque dans les assiettes ? D’après une vidéo TikTok virale, le ministre de l’Intérieur aurait pris la décision d’interdire « la vente, la fabrication et la consommation » de l’attiéké, un mets traditionnel ivoirien confectionné à partir de semoule de manioc, dès janvier 2026.

Selon la voix-off de la vidéo, montée comme un reportage de télévision, Bruno Retailleau viserait avec cette mesure à empêcher « une africanisation des produits alimentaires qui ferait perdre à la France sa culture culinaire traditionnelle ».

Seulement tout est faux. Le président des Républicains n’a jamais prononcé de tels propos, de même qu’aucune interdiction présente ou future ne vise actuellement l’attiéké. Aucun texte réglementaire ou législatif ne le prévoit, et la DGCCRF, qui a le pouvoir de suspendre la commercialisation ou de retirer des produits dangereux de la circulation, n’a effectué aucune communication en ce sens, ni même le service RappelConso.

Le ministère de l’Intérieur a « évidemment » démenti auprès de l’AFP une quelconque interdiction de l’attiéké en France, qui pourra continuer à être préparé et servi dans les foyers comme dans les restaurants.

Des comptes spécialisés dans la désinformation

La fausse information émane d’un des nombreux comptes spécialisés dans la production à la chaîne de reportages générés avec l’intelligence artificielle, épinglés à de nombreuses reprises par Les Surligneurs. Si ces chaînes se disent parfois « parodiques », comme c’est le cas ici, elles reprennent en réalité sans aucune dérision les codes des médias traditionnels et trompent ainsi la confiance des utilisateurs.

Quelques éléments permettent cependant d’identifier si une vidéo a été publiée par un de ces faux médias. La voix-off est généralement robotique, prononce mal certains mots, ou bien marque des pauses à des moments étranges. C’est la preuve qu’un logiciel lit un texte dont il ne comprend pas le sens.

Côté images, ces comptes bricolent avec des extraits d’archives de mauvaises qualités, ou des vidéos amateurs, afin d’éviter d’être épinglés pour violation des droits d’auteur et de produire beaucoup de contenu à bas coût. Par exemple, elles utilisent régulièrement des plans en traveling latéral sur des images fixes pour donner une sensation de dynamisme tout en grappillant quelques secondes de vidéo. Et surtout, elles ne donnent presque jamais la parole à un intervenant extérieur, spécialiste ou citoyen, à l’inverse de la plupart des médias.