La vaccination augmente-t-elle les cas d’insuffisance cardiaque ?
Autrice : Alexandra Maubec, étudiante en LLCER à la Sorbonne Nouvelle
Relectrice : Clara Robert-Motta, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste
Source : Compte Facebook, le 13 septembre 2024
Selon certains internautes, la vaccination aurait pour conséquence d’augmenter les cas d’insuffisance cardiaque. Bien que certains vaccins puissent avoir des répercussions sur la santé cardiaque, ils restent très rares.
Les vaccins rendraient nos cœurs plus fragiles. C’est du moins ce qu’affirme une internaute sur un post Facebook. Selon elle, un “certain vaccin” serait à l’origine de l’augmentation du nombre de cas d’insuffisance cardiaque. “Si ce n’est pas à cause des vaccins alors c’est peut-être à cause du réchauffement climatique ?”, ironise-t-elle ensuite.
Source de cancer, problème de santé, virus créé en laboratoire, complot, etc. De nombreuses croyances et inquiétudes liées à la vaccination se sont renforcées suite à l’épidémie de Covid-19. Le mouvement contre le passe vaccinal rassemblait des milliers de manifestants en France en 2022, appelant à lutter contre la “dictature sanitaire” instaurée par le gouvernement.
Parmi les inquiétudes liées à la vaccination, celle-ci engendrerait par exemple de l’insuffisance cardiaque. Il y aurait eu une “explosion de cas” de cette maladie chronique suite à la vaccination, selon les internautes.
La source de cette information provient, d’après le post Facebook, d’un article du Figaro. Il y est indiqué que les cas d’insuffisance cardiaque augmentent, cependant, aucune mention des vaccins n’est faite. Selon l’article, compte tenu “d’habitudes de vie délétères, comme le tabagisme, la sédentarité ou encore une mauvaise alimentation, son incidence s’accroît d’années en années chez les moins de 55 ans”.
Le post fait également référence à une campagne de sensibilisation de l’Assurance Maladie : “Insuffisance cardiaque, mieux informer pour mieux la détecter”.
1,5 million de Français
La campagne en question a été lancée par l’Assurance maladie, en ce mois de septembre 2024, dans le but de lutter contre cette maladie fréquente et peu connue.
Il y est indiqué que l’insuffisance cardiaque touche aujourd’hui “1,5 million de Français” et plus particulièrement les personnes âgées. Selon Santé Publique France, jusqu’à 10 % des personnes de 70 ans ou plus en sont atteintes.
Les quatre signes d’alertes de cette maladie sont des essoufflements inhabituels, une prise de poids rapide, des œdèmes et une fatigue excessive. Des symptômes considérés comme étant communs à la vieillesse, ce qui fait qu’elle peut être difficile à identifier : “Ainsi, en France, entre 400 000 et 700 000 personnes en souffrent sans le savoir”.
L’évolution de la maladie inquiète également, puisque d’après l’Assurance maladie, elle risque d’augmenter “de 25 % tous les quatre ans”, en raison du vieillissement de la population. Le nombre de personnes touchées par la maladie a donc effectivement augmenté. Cependant, les vaccins (ou leurs rôles dans l’augmentation des cas d’insuffisance cardiaque) ne sont pas mentionnés dans cette campagne.
Les vaccins sont-ils vraiment un risque ?
Diane Bandon-Tourret, avocate, dirige une équipe dédiée aux industries de santé. Elle explique que dans le Code de la santé publique, il est prévu que l’évolution d’un produit mis sur le marché soit surveillée. “Les études qui sont conduites vont permettre de surveiller les effets indésirables. Si ces derniers sont confirmés, la notice du médicament va être modifiée pour que les patients aient conscience de potentiels effets secondaires.”
Les effets indésirables d’un produit sont ensuite mis en miroir avec ses bénéfices (rapport bénéfice-risque), ce qui explique pourquoi certains produits sont retirés du marché. Le ministère de la Santé indique dans un article que “les dispositifs doivent atteindre les performances qui sont revendiquées par le fabricant et leurs risques éventuels doivent être acceptables au regard des bénéfices apportés au patient”.
« Pour le vaccin du Covid, les chercheurs ont estimé que les bénéfices du produit étaient plus importants que les risques, explique Diane Bandon-Tourret. Un suivi a ensuite été mis en place pour s’assurer qu’il n’y ait pas un renversement du rapport.«
Dans le cadre du Covid, des études très précoces ont été menées pour surveiller les effets indésirables du vaccin, “surtout sur les populations à risque”, précise l’avocate. “C’est à ce moment-là qu’il y a eu de nombreux signalements autour des effets cardiaques (en particulier la myocardite et la péricardite). Les études ont montré que bien que très rares et contrôlés, ces effets secondaires existaient. Ils sont inclus dans le Résumé des Caractéristiques du Produit (RCP), et les notices.”
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé indique effectivement dans la RCP du vaccin à ARNm qu’il comporte des risques de myocardite et de péricardite. La Société française de cardiologie confirme également ce fait : “Les vaccins sont une cause connue mais rare de myocardite, lorsque l’on considère la taille de la population exposée”.
Bien que certains vaccins puissent engendrer des problèmes cardiaques, ces effets secondaires sont indiqués dans la notice du médicament, et l’insuffisance cardiaque n’en fait pas partie. L’augmentation du nombre de personnes touchées par cette maladie n’est donc pas due à la vaccination.
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