Incendies en Californie : « Les maisons sont détruites, mais les arbres restent debout »
Auteur : Nicolas Kirilowits, journaliste
Relectrice : Lili Pillot, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, journaliste
Source : Compte Instagram, le 10 janvier 2025
Des maisons détruites, des arbres qui ne brûlent pas tous, et un « agenda du développement durable ». Les incendies ravageurs de Los Angeles alimentent les théories les plus farfelues sur les réseaux sociaux. Pourtant, comme Les Surligneurs ont pu le vérifier auprès de spécialistes, il n’y a rien de surprenant à voir, notamment, des arbres survivre aux incendies.
Comme les inondations de Valence en octobre dernier, ou encore le cyclone Chido à Mayotte, il y a quelques semaines, les incendies meurtriers qui touchent la Californie depuis le 7 janvier 2025 font l’objet de nombreuses spéculations sur les réseaux sociaux. Et certaines d’entre elles sont pour le moins surprenantes.
Selon un post sur Instagram, les feux responsables de la mort d’au moins 24 personnes et de la destruction de milliers de bâtiments et véhicules auraient été provoqués par un mystérieux « ils », pour suivre « l’agenda du développement durable ». Des allégations non argumentées, par ailleurs saupoudrées par toute une série de fausses nouvelles.
La plus emblématique concerne les arbres qui « restent debout » malgré la puissance des feux. Étrange, suggère l’auteur du post qui croit à « une destruction ciblée, méthodique ».
Une nature résiliente
Pourtant, « lors d’un incendie, ce sont essentiellement les matériaux fins de l’arbre qui participent à la combustion (feuilles, aiguilles, rameaux fins). Aussi, la plupart du temps, les arbres, vivants ou morts, “restent debout” à la suite d’un incendie », explique l’Office national des forêts (ONF), interrogé par Les Surligneurs.
« Plusieurs facteurs peuvent expliquer pourquoi des arbres peuvent sembler relativement épargnés alors que des maisons alentour partent en fumée », affirme quant à lui Anthony Montardy, fondateur du site Internet feuxdeforet.fr. Il évoque « le mode de propagation du feu », « la durée d’exposition aux flammes », mais aussi « la teneur en eau et la résistance naturelle. Un arbre vivant contient de l’eau dans sa sève et ses tissus, ce qui limite, jusqu’à un certain point, sa combustibilité ».
Des explications confirmées auprès des Surligneurs par Éric Brocardi, porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. « Chaque été en France, nous observons le même phénomène avec des arbres plus ou moins résistants selon leurs propriétés et leur exposition aux feux », assure-t-il.
Dans un article daté d’août 2023, l’AFP contrait déjà les mêmes fausses allégations concernant cette fois-ci les incendies qui avaient ravagé l’île hawaïenne de Maui, évoqués dans la publication Instagram.
Les biens matériels, quant à eux, sont soumis, du fait de leur composition, à d’autres logiques. « Selon la nature et le type de matériel, les maisons et les biens peuvent se consumer bien plus rapidement que la végétation et les arbres », explique Éric Brocardi.
L’ONF précise que « tous les produits à base d’hydrocarbures brûlent entièrement quand un végétal ligneux ne se consumera que partiellement ».
Des expertises qui mettent à mal le scénario d’ « une destruction ciblée, méthodique », car « les maisons sont détruites, mais les arbres restent debout ».
Des allégations sans fondement
Qu’en est-il des allégations sur des assurances annulées au dernier moment, un budget des pompiers réduit ou encore de l’eau coupée, avancées par le post ? Les liens de causalité ne sont jamais étayés, si ce n’est par des titres d’articles mal interprétés, ou visiblement jamais lus.
Ainsi, dans la vidéo du post apparaît vers une minute et cinq secondes la Une d’un article de Fox11 sur laquelle on entend l’auteur du post indiquer : « comme à Maui l’eau a été coupée ». Or, jamais ni le titre ni le contenu de l’article en question (édité le 8 janvier dernier, soit le lendemain du début des incendies) n’indiquent cela. Il y est question, en réalité, des craintes concernant l’approvisionnement en eau pour lutter contre l’incendie.
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