Il n’existe aucune preuve d’un lien entre l’autisme et la vaccination contre l’hépatite B
Auteur : Nicolas Kirlowits, journaliste
Relecteur : Etienne Merle, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun
Secrétariat de rédaction : Etienne Merle, journaliste
Source : Compte Facebok, 21 mai 2025
Théorie largement répandue dans la sphère dite « anti vaccin », l’idée qu’il existerait un lien de causalité entre vaccination et autisme ne s’appuie sur aucun argument scientifique solide. Et ce aussi bien pour le vaccin contre l’hépatite B que n’importe quel autre vaccin.
Dans une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux, Robert Kennedy Jr. affirme lors d’une interview que « l’autisme est causé par les vaccins ». Pour appuyer ses propos, il cite une étude des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), l’agence fédérale américaine de santé publique.
Selon lui, cette étude, baptisée « Verstraeten », aurait été publiée en 1989. Elle révèlerait, toujours d’après la transcription du post Facebook relayant la vidéo, « un risque d’autisme accru de 1350 % dans les 30 jours suivant l’administration du vaccin contre l’hépatite B, comparé aux enfants l’ayant reçu plus tard ou ne l’ayant pas reçu du tout ». Alors, qu’en est-il réellement ?
Une étude fantôme
D’abord, il convient de préciser que l’extrait circulant sur les réseaux sociaux provient d’une interview diffusée sur la chaîne YouTube du journaliste John Stossel, bien avant la nomination de Robert Kennedy Jr. au poste de secrétaire d’État à la Santé.
La vidéo date d’août 2024, selon les informations visibles sur la plateforme. À cette époque, Robert Kennedy Jr. était encore en campagne pour l’élection présidentielle et n’hésitait pas à critiquer ouvertement Donald Trump, comme on peut l’entendre dans l’entretien.
Mais cette précision chronologique ne change rien au cœur de l’affaire : après vérification, aucune étude portant le nom de Verstraeten n’a été publiée en 1989. En revanche, il existe bien un chercheur du nom de Thomas Verstraeten, qui, d’après son profil LinkedIn, a travaillé au sein des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) entre 1999 et 2001.
A-t-il pour autant publié une étude démontrant un lien entre autisme et vaccin contre l’hépatite B ? La réponse est non. Aucune publication scientifique de cet auteur ne corrobore les affirmations relayées par Robert Kennedy Jr.
Thomas Verstraeten a en réalité participé à une étude sur la sécurité des vaccins contenant du thiomersal, publiée en 2003 dans la revue scientifique Pediatrics. Le thiomersal, comme le précise l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), « est utilisé en très petites quantités comme conservateur dans certains vaccins et produits pharmaceutiques ».
Ce composant a été au cœur de nombreuses polémiques concernant ses effets potentiels sur la santé, bien que ces inquiétudes n’aient jamais été confirmées scientifiquement, comme l’indiquent plusieurs sources institutionnelles et spécialisées (ici, ici, ici ou ici).
Un consensus scientifique sans équivoque
Dans l’étude dirigée par Verstraeten, les conclusions sont sans ambiguïté : « Aucune association significative n’a été constatée entre les vaccins contenant du thiomersal et les effets neurodéveloppementaux ». Une conclusion bien éloignée de l’interprétation qu’en donne alors le candidat Robert Kennedy Jr., qui évoque une prétendue corrélation entre autisme et vaccin contre l’hépatite B.
Il n’existe « ni de près ni de loin » de lien entre la vaccination contre l’hépatite B et l’autisme, affirme sans ambiguïté le Professeur Didier Samuel, président-directeur général de l’Inserm et hépatologue à l’hôpital universitaire Paul Brousse de Villejuif, dans un entretien accordé aux Surligneurs. « Des dizaines de millions d’enfants ont été vaccinés depuis la mise au point du vaccin en 1982, et aucun lien n’a jamais été identifié », précise-t-il.
Même constat du côté de la fondation américaine Hepatitis B Foundation, également contactée par Les Surligneurs : « Cette affirmation absurde est totalement dénuée de fondement scientifique. Il n’existe aucun lien entre le vaccin contre l’hépatite B et l’autisme, tout comme il n’existe, selon de nombreuses données historiques, aucun lien entre un quelconque vaccin et l’autisme. »
Cette désinformation n’est d’ailleurs pas nouvelle. Elle a déjà été largement démontée, notamment dans un article approfondi publié par l’agence de presse espagnole EFE et l’organisation américaine Voices for Vaccines.
Historiquement, les théories infondées associant vaccination et autisme ont principalement visé le vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole), comme nous l’évoquions déjà dans un précédent article. D’une maladie à l’autre, le virus de la désinformation continue de se propager — et aucun vaccin, hélas, ne semble encore capable de l’endiguer.