Faire payer les détenus : pourquoi l’idée de Gérald Darmanin risque de manquer sa cible
Autrice : Laurine Ferrari, Master 2 Droit pénal approfondi à Nancy
Relecteurs : Jean-Baptiste Thierry, professeur de droit pénal à l’université de Lorraine
Etienne Merle, journaliste
Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun.
Secrétariat de rédaction : Nicolas Turcev, journaliste
La proposition du ministre de la Justice, Gérald Darmanin, de réinstaurer des frais d’incarcération pour les personnes détenues a reçu le soutien du président de la République, Emmanuel Macron. Cette mesure, présentée comme un geste de justice financière, suscite de vives critiques au sein du monde judiciaire.
L’annonce n’est pas passée inaperçue. Invité sur TF1, mardi 13 mai, dans le cadre de l’émission « Les défis de la France », Emmanuel Macron a validé l’idée défendue par son ministre de la Justice : faire contribuer financièrement les détenus au coût de leur incarcération.
Pour Gérald Darmanin, il s’agirait d’un geste symbolique, destiné à responsabiliser les personnes incarcérées tout en soulageant – marginalement – le budget de l’État. Mais derrière cette apparente logique budgétaire, les critiques fusent. Une bonne partie du monde judiciaire dénonce une mesure inapplicable, voire contre-productive.
Les frais d’incarcération : pour qui et à quelle hauteur ?
Aujourd’hui, l’incarcération coûte en moyenne 120 euros par jour et par détenu, soit près de 4 milliards d’euros par an pour l’État. Une facture salée que Gérald Darmanin aimerait voir partagée – au moins en partie...