Engagements non honorés : les grandes plateformes et le Code de bonnes pratiques de l’UE contre la désinformation
Auteur : EFCSN, traduit de l’anglais par Nelly Pailleux
L’EFCSN publie un rapport sur la mise en œuvre des engagements des grandes plateformes numériques envers le Code de bonnes pratiques de l’UE contre la désinformation. Le réseau estime que la plupart des plateformes doivent apporter des modifications significatives à leur stratégie de lutte contre la désinformation.
Ce Code de bonnes pratiques servira probablement de référence dans le cadre du Règlement sur les services numériques de l’UE (ou DSA pour Digital Services Act) pour atténuer la désinformation sur les plateformes. Selon les conclusions du rapport, le European Fact-Checking Standards Network (EFCSN) estime que la plupart des plateformes doivent apporter des modifications significatives à leur stratégie de lutte contre la désinformation. Elles doivent également montrer des engagements plus sincères à respecter l’esprit du Code afin de promouvoir un environnement qui valorise le travail des vérificateurs de faits indépendants.
Parmi les signataires du Code, le rapport met en lumière d’importantes lacunes dans les efforts actuels des plateformes. Par exemple, Bing (Microsoft) a annoncé élargir sa couverture en termes de fact-checking, avec des organisations qui nient pourtant avoir conclu de tels accords. Linkedin, de son côté, continue de s’appuyer sur une seule organisation de fact-checking pour couvrir 21 langues, et malgré ses affirmations sur l’élargissement de ses activités à ce sujet, le nombre de vérifications de vidéos a diminué par rapport aux années précédentes. Google, bien qu’il ait permis le projet ambitieux Elections24Check de l’EFCSN, continue de s’appuyer sur le l’outil non financé ClaimReview, ce qui entre en contradiction directement les engagements du Code.
En ce qui concerne les non-signataires, X (ex-Twitter) et Telegram sont des acteurs clés dans la propagation de la désinformation au sein de l’UE, mais ils montrent un manque flagrant d’implication avec les initiatives de vérification des faits, ce qui rend leur cas particulièrement préoccupant.
L’EFCSN appelle urgemment les plateformes à changer leur stratégie globale dans la lutte contre la désinformation, à établir des partenariats durables avec la communauté de vérification des faits, à intégrer pleinement leur travail dans leurs systèmes de modération et à fournir un accès adéquat aux données pertinentes pour combattre efficacement la désinformation.
Le rapport, intitulé « Vérification des faits et mesures d’atténuation des risques liées à la désinformation sur les très grandes plateformes en ligne : Une analyse systématique de la mise en œuvre des engagements des grandes entreprises technologiques envers le Code de bonnes pratiques de l’UE sur la désinformation », a été publié le 18 décembre 2024 sur le site de l’EFCSN. Ce document a été élaboré par le Groupe de travail « Policy » de l’EFCSN, composé de représentants des organisations membres de l’EFCSN à travers l’Europe. L’analyse repose sur l’expertise collective de la communauté européenne de vérification des faits et s’est déroulée en septembre 2024, lors de l’examen des rapports soumis par les principales plateformes en ligne et moteurs de recherche signataires du Code, ainsi que par les non-signataires X/Twitter et Telegram.
La publication de ce rapport intervient à un moment où l’influence de la désinformation sur nos sociétés est alarmante, tout comme le rôle des grandes plateformes dans leur diffusion ou leur limitation. Bien que les détails soient encore en cours d’exploration, l’EFCSN a demandé à TikTok d’intensifier ses efforts dans la lutte contre la désinformation à la suite des élections roumaines, qui ont été ciblées par des acteurs étrangers malveillants diffusant de fausses informations. Ce rapport montre que toutes les plateformes doivent redoubler d’efforts pour assumer cette responsabilité.
Lire le rapport complet (en anglais)
La rédaction n’a pas pris part à l’écriture de cet article.
Une erreur dans ce contenu ? Vous souhaitez soumettre une information à vérifier ? Faites-le nous savoir en utilisant notre formulaire en ligne. Retrouvez notre politique de correction et de soumission d'informations sur la page Notre méthode.