Crédits photo : Francis Flinch, CC 4.0

En Allemagne, la voiture électrique est-elle menacée de disparaître ?

Création : 26 avril 2024

Auteur : Nicolas Kirlowits, journaliste

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Sasha Morsli Gauthier

Source : Compte Facebook, 16 avril 2024

Au pays de Mercedes, BMW et Volkswagen, l’électrique semble marquer le pas. De là à parler « d’adieu« , il y a un fossé sémantique que le marché de l’automobile allemand n’est pas près de franchir.

Le symbole n’est pas anodin. Le principal marché automobile européen, berceau de certaines des marques les plus emblématiques au monde, faisant ses adieux à l’électrique.

On imagine déjà la révolution tant annoncée d’une mobilité hors énergie fossile avortée et les moteurs diesels et essence régner en maître sur les routes sans limitation de vitesse outre-Rhin.

En tout cas, c’est ce que laisse croire la publication postée sur la page Facebook de l’association des VTC de France. Le texte, accompagné d’une photo avec une voiture électrique retournée sur le toit en train de se recharger, a été commenté déjà plus de 1 500 fois depuis le 16 avril 2024. Mais comme le suggère l’image en soutien du post, les informations qui y sont mentionnées marchent sur la tête, ou plutôt roulent sur le toit.

Coup de mou

En effet, si les ventes de voitures électriques tournent bien au ralenti depuis plusieurs mois en Allemagne – en baisse de 29 % au mois de mars par rapport à l’an passé, selon les données de l’Agence fédérale allemande pour l’automobile – cela s’explique avant tout par la décision du gouvernement allemand de stopper les aides à l’achat de ce type de véhicule.

Un choix acté en urgence, en décembre dernier, expliqué en allemand ici dans le texte, qui fait suite à la décision de la Cour constitutionnelle allemande d’invalider l’allocation d’un fonds de 60 milliards d’euros, initialement prévue pour lutter contre les effets de la pandémie, à la transition écologique.

Fini donc le soutien étatique en vigueur depuis quelques années de 3 000€ ou 4 500€ pour l’achat d’un véhicule dit « propre« . Depuis, les Allemands, pris de vitesse, semblent bien bouder les voitures électriques.

« C’est une conséquence normale de la décision gouvernementale prise il y a quelques mois« , explique Nicolas Meunier, responsable du pôle transport au sein du cabinet de conseil Carbone 4. »Le marché va s’adapter et la dynamique lancée autour de l’électrique ne s’arrêtera pas. Ce n’est d’ailleurs pas dans l’intérêt des constructeurs qui investissent des milliards d’euros dans la recherche et le développement dans cette technologie« , précise-t-il.

Difficile dans ce cas d’évoquer, comme le fait la publication de l’association des VTC de France, un « désamour allemand pour les voitures électriques. »

Créer une décharge électrique dans l’opinion publique

Interrogé par Les Surligneurs, Karim Daoud, le président de l’association, explique avoir décidé de poster ces informations « sur les conseils de son Community manager. » Sans être en mesure d’expliquer l’origine des affirmations avancées, il estime qu’elles « ne sont pas sorties de notre chapeau. »

En fouillant sur le net, la rédaction des Surligneurs est notamment retombée sur un autre post relayant, en janvier dernier, la même idée autour de l’avenir macabre de la voiture électrique en Allemagne.

Nos confrères de 20Minutes s’étaient alors chargés de vérifier la publication et la photo l’accompagnant, générée par une intelligence artificielle, expliquaient-ils.

Une question demeure néanmoins : à qui profite le faux crime électrique ? Si la première publication est apparue sur le compte Facebook d’un utilisateur affirmant étudier à la Faculté de droit et de science politique à Rennes, celle vérifiée par Les Surligneurs est donc liée au compte d’une association de chauffeurs de VTC.

Un secteur d’activité directement impliqué dans les politiques de mobilité. « Nous ne sommes pas des anti-électriques« , se défend Karim Daoud. « Pour un usage du quotidien, le 100% électrique c’est parfait, mais pas pour des professionnels comme nous qui roulons beaucoup, l’autonomie n’est pas encore suffisante« , soutient-il.

Pas de mauvaises intentions donc, mais une volonté assumée de « faire réagir. » Des milliers de partages plus tard sur Facebook : le coup est réussi.

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