Emmanuel Macron à Theresa May, la Première ministre britannique : « la porte [est] toujours ouverte tant qu’il n’y a pas une négociation du Brexit qui est achevée »

Création : 15 juin 2017
Dernière modification : 21 juin 2022

Auteur : Vincent Couronne

Source : L’Obs, 13 juin 2017

Emmanuel Macron s’avance un peu trop en assurant que le Royaume-Uni peut rester dans l’Union européenne si les britanniques se retrouvaient rongés par le remords : la justice européenne ne prévoit d’annuler le processus que si c’est sincère, et qu’il ne s’agit pas d’un moyen de faire pression sur l’UE pour mieux sortir plus tard.

Mise à jour : Dans une décision rendue un an et demi après la publication de cet article, la Cour de justice de l’Union européenne a tranché le débat (décision du 10 décembre 2018) : le Royaume-Uni pouvait renoncer au Brexit, mais cela ne pouvait avoir lieu que pendant les négociations, et de manière univoque et inconditionnelle. L’évaluation du propos a donc été changée de « Problématique » à « Possible ».

Ce que dit le Président de la République ici est très hypothétique, car la procédure de sortie prévue par le désormais fameux article 50 du Traité sur l’Union européenne… ne prévoit pas de retour en arrière.

Cet article prévoit en effet que sans accord au bout de deux ans de négociations, l’État en partance cesse d’être membre de l’Union. Rien ici ne permet de penser que le Royaume-Uni pourrait faire machine arrière, c’est d’ailleurs la position de la Commission européenne. Pire, l’article 50 prévoit que si l’État qui s’est retiré souhaite réintégrer l’Union, il doit passer par la procédure d’adhésion. Une telle demande nécessiterait (art. 49 TUE) l’unanimité du Conseil, l’approbation du Parlement européen ainsi que des 27 États membres restants de l’Union. La solution serait alors de prévoir une nouvelle adhésion qui prendrait effet au plus tard la veille de la sortie pour éviter les déconvenues juridiques inhérentes à un retrait, même temporaire. Vue la procédure, il faudrait compter plusieurs mois. Il n’en reste plus que 21 avant le divorce… À noter tout de même que le Parlement européen semble penser qu’il est possible de faire machine arrière (point L). Est-ce à dire que la question n’est pas réglée ?

Pour trancher la question de l’interprétation de l’article 50, seule la Cour de justice de l’Union européenne est compétente. Il faudrait alors lui demander si l’article 50 permet à un État membre qui l’a actionné de le désactionner. Il serait alors particulièrement ironique que le sort du Royaume-Uni repose entre les mains d’une Cour de justice dont ils ne voulaient plus “subir” les décisions.

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